Les potes, je suis pathétique. Je suis actuellement dans ma cuisine, une tasse de café à la main, fringué comme un sac avec mon vieux jean délavé et troué et mon T-shirt des Stones, à regarder la paperasse envahir mon appartement. Adossé contre mon frigo, je bois une gorgée de café avant de pousser un soupir de désespoir. Faudrait que je range, que je fasse le tri, tout ça tout ça… Mais honnêtement ça me casse le cul. J'ai trop la flemme. J'ai juste envie de me foutre au pieu et de me rendormir. Enfin si j'arrivais seulement à l'atteindre. Pour cela il faudrait que je passe au-dessus de la montagne de notes qui traine sur mon bureau et déborde joyeusement dans le reste de la pièce. Je pose ma tête contre le frigo, ferme les yeux et pousse un autre soupir. Putain je vais jamais y arriver tout seul… J'ai alors une idée. J'ai une assistante alors pourquoi ne pas lui demander de venir "m'assister" dans ce rangement. Eh je l'exploite pas, loin de là. J'ai la chance d'avoir quelqu'un qui bosse pour moi, alors autant m'en servir. Et puis au passage ça me permettra de la voir. C'est toujours ça de pris. J'attrape mon téléphone dans ma poche et lui rédige un petit SMS.

"Salut Princesse ! Tu peux venir chez moi d’ici une quinzaine de minutes ? On doit enfin se mettre à bosser un peu et il y a un tas de paperasse qui nous attend !"

Bon ok c'est un peu de la publicité mensongère, mais si je veux la faire venir j'ai pas trop le choix. Si je lui dit la vérité, elle va jamais vouloir ramener son joli minois jusque chez moi. Je lui envoi le texto le coeur battant, en croisant les doigts priant pour qu'elle accepte mon invitation. Ce sont les cinq minutes les plus longues de ma vie, je vous jure. Je suis aux anges lorsque je reçois sa réponse, un sourire se dessine malgré moi sur mes lèvres. J'abandonne alors mon café et mon téléphone à côté de l'évier de la cuisine et me dirige vers la douche. Ok j'ai à peu près un petit quart d'heure avant que la demoiselle arrive. Enfin la connaissant faut bien compter dix minutes de plus, elle n'est pas vraiment du genre ponctuelle. Mais bon. Je prends une bonne douche chaude, histoire de me débarrasser de l'odeur de tabac et de cigarette qui me colle à la peau. Faut vraiment que j'arrête de fumer chez moi, mais c'est pas facile. J'ai besoin de ma clope et de mon verre quand j'essaye de bosser, sinon c'est même pas la peine. Ouais j'ai une drôle de façon d'appréhender l'idée de productivité. Une fois hors de la douche, j'attrape une chemise blanche et un jean noir. Ouais je sais, c'est pas forcément la meilleure tenue pour bosser et faire du rangement mais quand on a une demoiselle qui passe à la maison, mieux vaut être présentable. J'allais me faire une nouvelle tournée de café lorsque que j'entends sonner. Je regarde l'heure. Impossible que ce soit Amara, elle serait en avance. Je vais ouvrir et tombe sur… Amara. Je n'en reviens pour une fois qu'elle n'est pas en retard. J'ai presque envie de l'applaudir mais elle risque de ne pas apprécier. Ce que je comprendrais sans mal. Elle m'adresse un immense sourire chaleureux qui à pour effet d'affoler mon rythme cardiaque. Wow, wow, wow on se calme mon pote. Sans attendre que je l'invite elle entre, insistant sur le fait qu'elle est en avance. Je reprends mes esprits, ferme la porte et lui dis :

"T'es sûr que t'es pas malade ? D'habitude t'arrive pas à être à l'heure et voilà que là t'es en avance ? Je te manque tant que ça que tu cours jusque chez moi ?"

Enfin en tout cas moi c'est sûr si elle me demandait de venir chez elle, je ne serais pas en retard. Oh là non. Mais bon la question n'est pas là. En voyant l'état de mon appartement elle me demande ce qu'il se passe. Je laisse échapper un rire. Alors en fait c'est une drôle d'histoire… Je sens qu'elle ne va pas apprécier, mais alors pas du tout. Je sens que je vais être le seul à rire. Et aussi le seul à prendre une baffe. Je passe une main dans mes cheveux avant de me lancer :

"Eh bien, tu sais la vie de journaliste, les notes tout ça… Bref, faut vraiment qu'on se mette à bosser seulement j'ai toute cette paperasse et je dois t'avouer que je m'en sortirais pas tout seul… C'est pourquoi je me suis permis de te demander de venir me prêter main forte…"

Je redoute un peu sa réaction je dois avouer, je n'ai pas trop envie qu'elle se fâche ou pire qu'elle se casse. J'ai envie de passer ma journée à ses côtés et puis qui sait avec elle je vais peut-être me mettre à bosser. Il serait temps me direz vous. Je jette un regard à Amara, attendant avec un noeud dans l'estomac ce qu'elle va répondre à ça. Je me mords la lèvre inférieure, je t'en prie Princesse, reste avec moi.


© Nightmare sur Épicode.

Elle semble terriblement déçue, comme si elle s'attendait à autre chose. Merde Andréas t'assure pas. Mon coeur se serre à la voir comme ça. J'ai une furieuse envie de la prendre dans mes bras, de m'excuser, de lui assurer que tout va aller pour le mieux. Les potes je suis entrain de virer gros romantique. J'ai envie de la protéger, de l'avoir pour moi. Merde. Est-ce que je suis amoureux ? Putain il faut croire que oui. Elle s'installe alors sur mon canapé, tout sourire elle me dit qu'elle est prête à me prêter main forte. Seulement je vois bien derrière ce sourire que tout ne vas pas si bien que ça. J'ai comme l'impression qu'elle s'attendait à autre chose de ma part, il suffit de voir sa tenue. Oh mon pote, je crois que la demoiselle attendait clairement autre chose de ta part. Est-ce que sa veut dire qu'elle aussi… ? J'en sais rien, peut-être que oui. Non je me fais sûrement des idées. Pourtant… Je m'installe à côté d'elle, il faut que j'en ai le coeur net. Au pire, qu'est-ce que je perdrais à part un coeur brisé et mon assistante ? Au moment où j'allais parler je vois Amara perdre conscience. Oh merde. Elle les rouvre. Putain. Ruth. Génial. Sans me laisser placer le moindre mot, elle s'installe sur mes genoux, passe ses bras autour de mon cou et vient me susurrer à l'oreille, avant de la lécher :

« Alors beau brun, prêt à t’amuser ? Tu m’as manqué depuis la dernière fois"

Oh la vache non, pas elle. Putain tout mais pas elle. Tout mais pas elle. Elle va encore tenter de m'arracher ma chemise et putain je commence à plus en avoir une seule. Celle que je porte est une survivante et j'adorais la garder encore un peu. Prêt à m'amuser ? Pas avec toi sale garce. Même si mon corps me dit putain oui, mon coeur lui me dit non. Si ce genre de chose doit arriver, ce ne seras pas avec elle. Certainement pas. Je la repousse sur le canapé, me libérant de son étreinte.

"Désolé mais pas toi, ce n'est pas avec toi que je veux parler et encore moins "m'amuser". Alors laisse Amara reprendre le dessus, c'est avec elle et uniquement elle que je veux passer la journée."

Parce que je l'aime putain.


© Nightmare sur Épicode.

Eh bien tu t'attendais pas à ce que je te repousse hein ? Tu pensais que j'allais me faire avoir et me laisser faire. Dommage pour toi ma vieille, mais tu n'es pas si irrésistible que ça. Ça t'apprendra tiens, dans les dents succubes à la noix. Je déchante rapidement lorsque je vois un sourire sadique se dessiner sur les lèvres d'Amara, oh oh ça sent mauvais mon pote. Ruth reviens à la charge, glissant ses mains sur mon torse tout en déboutonnant doucement ma chemise. Au moins elle ne l'arrache pas… C'est déjà ça. J'ai peut-être une chance de la conserver celle-ci. Tout en faisant cela elle me demande une nouvelles fois si je veux vraiment ne pas m'amuser avec elle. Elle ouvre alors mon jean, glisse sa main dans mon caleçon et empoigne sans gêne ma virilité. Wow, comme ça ? Directe ? Bah putain tu perds pas de temps. Alors oui certes, mon corps ne dit pas non, loin de là. Mais putain c'est pas bien. Mais alors pas bien du tout. La succube m'embrasse alors avec ardeur, tandis qu'elle s'active un peu plus bas, accélérant progressivement la cadence. Putain c'est moi où dès que je me trouve sur ce canapé avec une fille, on finit par me sauter dessus et me violer ? Je romps notre baiser. Désolé ma grande mais tu n'auras rien de plus de ma part. J'attrape son poignet et j'enlève sa main de mon pantalon tandis que de mon autre main je me rhabille. De nouveau je la repousse.

"Je croyais pourtant avoir été clair, il ne se passera rien entre nous. Ce n'est pas toi que je veux. C'est Amara. Alors laisse nous. En plus je ne te savais pas aussi désespérée pour en venir à me sauter dessus pour te prouver que tu es irrésistible."

Ok alors là j'ai vraiment envie de me prendre une bonne grosse claque dans la gueule. Oh si seulement. Vous comme moi, savez ce qu'il va se passer. Elle va me faire la peau, puis me violer. Oui dans cet ordre là. Y'a des fois faut vraiment que j'apprenne à tenir ma langue, c'est ce genre de comportement qui va finir par me tuer. Et je dois vous avouer que j'ai moyennement envie de mourir sur ce canapé parce que j'ai volontairement froissé l'égo d'une succube qui m'a dans la peau. Ce serait dommage, vraiment. Et moi qui pensais pouvoir passer une journée tranquille, chez moi, avec mon assistante, voilà que je trouve sur mon canapé à tenter de convaincre une succube en manque de laisser mon corps en paix. Je crois qui si on m'avais dit que je me retrouverais dans cette situation je n'y aurais pas cru. Mais vous me connaissez, j'ai toujours le chic pour me retrouver dans ce genre de situation. Je continue de regarder la succube, alors que je commence à reboutonner ma chemise je lui dis :

"Pour la dernière fois, laisse Amara revenir…"

L'audace paye toujours. Enfin j'espère...


© Nightmare sur Épicode.

Sa réaction ne se fait pas attendre. Ruth m'attrape par le cou et me soulève sans le moindre problème, pour venir me plaquer contre le mur le plus proche. Putain elle a de la force la garce. J'attrape son poignet de mes deux mains dans l'espoir de lui faire lâcher prise, en vain. Au contraire elle ressert sa prise autour de ma gorge, j'ai du mal à respirer, rapidement des tâches noires apparaissent dans mon champs de vision. Ses yeux se teintent alors de rouge tandis qu'elle prends une allure monstrueuse. Oh putain, elle va me tuer pour l'exemple, eh merde moi qui pensais que ma belle gueule me sauverais, faut croire que non… Elle s'approche et lèche ma joue. Oh putain ça c'est mauvais signe. TRES mauvais signe. Je sens que je ne vais pas aimer la suite, mais alors vraiment pas. Ruth sors alors les crocs et mords violemment mon cou. Je pousse un cri de douleur. C'est comme si on venait de planter une lame chauffée à blanc dans ma chair. Du sang se met à couler abondamment tandis qu'une sensation intense de froid envahit mon corps, se répandant dans mes veines. Mon coeur s'affole, pulsant de plus en plus vite, accélérant l'hémorragie. Ma vision se trouble tandis que je commence à perdre toute sensation. Doucement j'ai du mal à penser. J'ai froid. J'ai peur…. Je… Mer… Je sens alors ses crocs se retirer de mon cou. J'ai toujours aussi mal, mais au moins je peux de nouveau respirer. Seulement je ne comprends plus rien. J'ai juste envie de me laisser envelopper par le froid, pour ne plus jamais me réveiller. J'ai l'impression de tomber. Quelqu'un ou quelque chose me rattrape. À moins que ce ne soit le sol. Il faut que je bouge. Non. Si. Bouge. Bouge pas. J'ai mal. Plus mal. Je ne sais pas. Quelque chose appuie sur mon cou. Ce geste déclenche en moi comme un choc électrique qui ravive quelque peu mon corps. Faut que je reste éveillé. Surtout ne pas dormir, sinon je vais y passer. Au travers des battements puissants de mon coeur, j'entends une voix familière et rassurante. Amara. Mon Amara. J'essaye d'ouvrir les yeux. Trop dur. Allez essaye. Echec. Et puis j'entends ces mots. Ne me laisse pas. Non. Je n'ai pas le droit. J'arrive. J'ouvre difficilement les deux yeux. Tout est flou, pourtant je distingue la silhouette d'Amara, qui penché sur moi appuie sur mon cou. Instinctivement je bouge un bras, posant avec difficulté ma main sur les siennes. Sa peau est brûlante en comparaison de la mienne. J'ai envie de glisser mes doigts dans les siens. J'ai envie de me réchauffer tout contre elle. De m'endormir dans ses bras. Non. Faut que je reste conscient. Mais c'est trop dur. Les potes je crois que c'est la fin, tout le monde doit tirer sa révérence et je crois que pour moi ce jour est venu. Seulement je ne peux pas partir sans lui dire. Il faut que je lui dise. Avant de partir. Il faut qu'elle le sache. Ma bouche est sèche. Pourtant j'essaye. Ma voix est rauque, je prononce ces mots dans un murmure :

"Amara je t'…"

Et là je sombre. Il n'y a plus rien. Ni la douleur, ni le froid. Juste le néant. Et moi.

La grande question. Y'a t-il quelque chose après la mort ? Eh bien les potes, ne comptez pas sur moi pour vous le dire. Parce que je n'en sais rien. Moi aussi j'ai des théories là dessus, seulement je suis comme vous, j'en sais foutrement rien. J'adorais savoir moi aussi, mais d'un autre côté, n'est-ce pas plus palpitant de ne pas savoir ? En tout cas, je ne serais pas vous dire ce qu'il y après parce que… Je reprends conscience. Je suis toujours allongé sur le sol, la tête sur un coussin, tandis qu'Amara tente de stopper l'hémorragie. Elle ne cesse de répéter mon nom, me demandant de ne pas la laisser. Oh mais je ne compte pas partir ma belle, loin de là. J'ai du perdre connaissance le temps d'une minute pas bien plus. Je ne sais même pas si elle s'en est vraiment rendu compte. Mais bon, faisons les choses dans l'ordre. J'attrape de nouveau sa main. Je la serre doucement pour attirer son attention. Elle me regarde surprise. Je lui adresse un sourire. J'avale avec difficulté ma salive avant de lui dire :

"La salle de bain… Dans le placard… Pour.."

J'ai énormément de mal à parler. Je n'arrive pas à prononcer une phrase complète. Tant pis j'espère qu'elle a compris. Visiblement oui. Elle plaque mes deux mains sur mon garrot de fortune et me dit qu'elle revient au plus vite. Pas de soucis, ce n'est pas comme si j'allais aller quelque part de toute façon. Je l'entends remuer frénétiquement dans la salle de bain. Elle panique. En même temps y'a de quoi. Je me vide quand même de mon sang sur le sol de mon salon. Pas banal tout de même. Elle revient alors. Je suis heureux qu'elle soit là. Je… Quelque chose me revient en tête. Ma déclaration. Je ne suis pas sûr. L'ai-je dit ? Était-ce un rêve ? Je ne sais plus. Lui ai-je dit que je l'aimais ? Merde. MERDE. Je ne sais plus. Amara se penche alors vers moi, et commence à désinfecter ma plaie. Le nez dans mon cou, je l'entends pousser des "Oh mon dieu". M'en parle pas, je parie que la plaie est dégueulasse au possible. Je sens que cette merde va me laisser une putain de cicatrice dans le cou. Comme si celle de Velcan ne suffisait pas. Amara pose alors un lot de compresse sur la plaie avant de bander mon cou. Wow mon capital sexyness en prends un coup. Wow vraiment pas très sexy le bandage tout autour du cou, mais bon si ça m'évite de mourir je vais pas me plaindre non plus. Nos regards se croisent. J'ai eu si peur de te perdre. De ne plus jamais te revoir. SI tu savais ma belle. Si tu savais à quel point je t'aime. Ça en devient douloureux. Je ne veux plus te quitter. Plus jamais. Je ne veux plus te voir t'éloigner de moi. J'aimerais pourvoir te tenir contre moi, à jamais. Mon Amara. J'aimerais attraper son visage, lui promettre le monde, puis l'embrasser. Mais je ne peux pas. Ce serait déplacé. Pourtant il y'a bien quelque chose que je peux faire. J'attrape ses mains couverte de sang, et glisse mes doigts entre les siens. Je n'ose même pas la regarder. Quel idiot je fais. Doucement je relève les yeux vers elle, avant de finalement les plonger dans les siens. Ce que j'y lis me pousse à le faire. Doucement je l'attire contre moi, glissant mes bras autour d'elle, tandis que mes doigts glissent doucement dans sa chevelure. Je la prends dans mes bras, la serrant contre moi. Putain, j'ai eu si peur. Peur de te perdre. Je murmure alors :

"J'ai cru t'avoir perdu. Si tu savais à quel point je suis heureux que tu sois là."


© Nightmare sur Épicode.

Je la sens me serrer un peu plus, tandis qu'elle pose sa tête sur mon épaule. Mon coeur s'affole à la sentir ainsi tout contre moi. Oh si vous saviez à quel point j'attendais de pouvoir la tenir tout contre moi, bon j'aurais aimé que ce soit dans d'autres circonstances mais bon… Faut apprendre à faire avec. Tandis qu'elle pleure sur mon épaule, elle me traite d'idiot ce à quoi je laisse échapper un rire. Ouais c'est vrai. Mais le reste me fait rapidement redescendre sur terre. Oui j'ai faillis y passer, et Amara, elle a eu peur de me perdre. A jamais. Elle se détache alors de moi et me surprends en caressant doucement ma joue. Mon coeur s'emballe. J'ai envie de l'embrasser. De la prendre tout contre moi et de ne plus jamais la laisser partir. J'ai envie qu'elle soit mienne. Là, maintenant. Elle s'excuse. Chut, ma belle, tu n'as rien à te reprocher. Par contre pour ce qui est de l'hôpital… AÏe. J'essaye de lui sourire, malgré l'immense fatigue qui me tombe subitement dessus et le vertige qui me saisit brutalement. Je crois que je vais vomir. Je prononce avec difficulté :

" Ne t'excuse pas, c'est moi qui ai fait le con avec Ruth… Et puis tu me connais, j'adore vivre dangereusement, mais pas assez pour aller à l'hôpital."

Bon ok je sais, c'est con comme comportement. C'est pas que j'ai peur des hôpitaux, c'est juste que… Je ne suis pas super à l'aise dans ses endroits. L'odeur, la couleur, les gens malades… Eurk. À chaque fois que j'y vais j'ai envie de vomir et de m'ouvrir les poignets avec des lames de scalpels rouillés. Sans déconner. Alors même si je suis un peu un habitué de ce genre d'endroits, je n'y vais que si je dois vraiment y aller. Et encore, faut limite m'y traîner de force. Seulement j'ai l'impression que je ne vais pas avoir le choix sur ce coup là. Parce que bon sang, je ne me sens vraiment pas bien. J'ai horriblement froid, mon coeur bat super lentement et j'ai du mal à garder mes yeux ouverts. Putain il faut que je reste conscient. Je ne dois surtout pas m'évanouir, sinon je ne suis pas sûr de revenir. Il faut que je me lève. Et vite. Je serre les mains d'Amara dans les miennes.

"Aide moi à me relever s'il-te-plaît…"

Avec un peu de difficulté je finis par me retrouver debout. La vache, c'est pire que mieux. Mon coeur cogne désormais trop vite dans ma poitrine, un vertige puissant m'empêche de ne pas tanguer sur place et la douleur dans mon cou s'intensifie brutalement. Ok là j'ai vraiment pas le choix, je vais pas pouvoir y couper. Je passe une main dans cou. Je sens quelque chose d'humide. Je la regarde. Du sang. Merde. Ok je sens que je vais de nouveau tomber dans les pommes dans moins d'une minute. Je regarde Amara, je pense que j'ai le temps de lui dire d'appeler une ambulance au moment même où tout deviens noir. Mais je n'en suis pas certain.

Tout est confus. J'ai des flashs. Des lumières vives. Des voix. Une voix, m'appelant par mon prénom. Je sens des doigts glacés passer dans mon cou, une odeur puissante de sang et de désinfectant. Une douleur vive. Quelque chose vient se planter dans ma chair, j'ai froid. Tout est blanc, d'un coup. Et puis doucement une sensation de chaleur s'empare de moi, se déversant lentement dans mes veines, réchauffant mon coeur, enveloppant mon être. J'ai moins mal, je suis… bien. Je crois que je dors. Quelqu'un m'appelle et d'une vois douce me murmure de tendre paroles. Je sombre, le coeur en paix.

Un bip régulier se fait alors entendre. Bip. Bip. Bip. Le bruit est constant, régulier, calé sur mes battements de coeur. J'ouvre difficilement un oeil puis l'autre. Ma vue met un certain temps à s'ajuster. Je comprends alors que je suis dans une chambre d'hôpital. Génial. Je n'essaye même pas de bouger, la douleur dans mon cou me fait clairement comprendre que ce n'est pas une bonne idée. Ok, bon eh bien je vais rester allongé alors. Je me rends alors compte que quelqu'un est à mes côtés et me tient la main. Amara. J'esquisse un sourire. Elle dors, me tenant la main, écroulé à moitié sur le lit avec moi. Doucement je caresse ses cheveux. De nouveau j'aimerais l'embrasser mais je ne peux pas. Je me contente alors de caresser tendrement son visage, appréciant la douceur de sa peau, tout en lui murmurant :

"Je suis heureux que tu sois là, Love. Si tu savais seulement à quel point je t'aime…"


© Nightmare sur Épicode.

La belle Amara relève doucement la tête, se rapprochant de moi, nos deux visages bien trop proche l'un de l'autre. Wow ma belle je sais que tu t'inquiète pour moi, mais fais gaffe, je meurs d'envie de t'embrasser et là la tentation est bien trop grande. Je la vois rougir avant de se retourner et de me tourner le dos. Cette réaction de sa part, me serre le coeur, comme si des milliers de petits bouts de verre venaient se planter dedans. Ne me délaisse pas comme ça, ne me laisse pas. J'ai envie de faire un geste, n'importe quoi, mais encore une fois je n'ose pas. Je me contente de me mordre la lèvre inférieur avant de lui répondre d'une voix basse :

"Bien, je ne sais pas, mais on dirait qu'ils m'ont bien retapé… Au moins je ne suis plus à l'article de la mort c'est déjà ça…"

Un ange passe. Bon sang Amara, qu'est-ce qu'il se passe dans ta tête ? Pourquoi être aussi distante avec moi ? Est-ce qu'elle m'aurait entendu ? Merde. Putain, faut vraiment que j'apprenne à me taire. Si ça se trouve, elle n'éprouve rien pour moi et là elle cherche un moyen de me dire, sans trop me brusquer, que je ne suis pas son genre, qu'elle ne veut plus bosser pour moi et pire… qu'elle ne veut plus me voir. Oh mon Dieu non. Je ne supporterais pas qu'elle me dise ça, je ne veux pas qu'elle me laisse, j'ai besoin de l'avoir avec moi. Sinon je suis malheureux, vraiment. Quand elle n'est pas avec moi, j'ai l'impression qu'il me manque quelque chose, que je ne suis pas complet. Il n'y a que quand elle est là que je me sens vraiment bien. Alors si elle venait à me laisser, ce serait pire que la mort. Elle se retourne alors vers moi, un sourire triste sur les lèvres. Alors comme ça elle m'a entendue. Et elle veut savoir si c'est une blague. Non ma belle, c'était sincère. Je ne me permettrais jamais de te faire le moindre mal. Jamais. L'état de choc ? Oh non ce n'est pas ça qui me fait dire ça, et crois moi je ne reviendrais jamais sur ses paroles. Elle franchit alors l'écart qui nous sépare, elle monte un peu sur le lit, attrape mon visage entre ses mains et m'embrasse. Mon coeur s'emballe, les machines autour de nous s'affole, bipant de plus en plus fort. Son baiser déclenche en moi un torrent de sensations et d'émotions qui courent dans mon corps, réchauffant mes veines et affolant mon coeur. Je lui rends son baiser, l'attirant un peu plus contre moi. Je glisse une main derrière sa nuque. Mon pote, ça c'est un baiser d'amour, un vrai. Elle t'aime mon grand, elle t'aime vraiment. Amara et moi y'a carrément moyen que ça devienne sérieux. Mon coeur s'affole un peu plus. Putain depuis le temps que j'attends ça. Pas question que je la laisse partir, c'est finis. À bout de souffle, notre baiser prends fin. J'ai du mal à la laisser s'éloigner, je laisse ma main dans sa nuque, la gardant proche de moi. Je passe ma langue sur mes lèvres. Je me racle doucement la gorge, avant de me lancer, le coeur battant :

" Je ne me permettrais jamais de dire ce genre de chose juste pour me foutre de ta gueule. Jamais tu m'entends ? Alors quand je te dis que j'ai des sentiments pour toi, c'est que c'est vrai…"

J'attrape ses mains, les serrants dans les miennes. Je n'ose pas la regarder. Putain j'ai l'impression d'être un ado de 16 ans qui fait ça première déclaration d'amour à la chef des pompom girls. Je me sens con. C'est pas comme si j'avais pas l'habitude avec les filles, mais d'ordinaire je me contente de les baratiner, alors je m'en fous que ce soit du sérieux ou pas. Mais là j'ai pas le droit de merder. Alors finis les faux semblant et les conneries, il est tant d'être honnête. Tu peux pas te permettre de la perdre, sinon tu vas finir seul mon pote. Tout seul. Sans elle. Alors que je caresse le dos de ses mains, d'un geste tendre, je replonge mon regard dans le sien. J'ai l'impression que mon coeur bat dans ma gorge, j'ai peur les gars. Peur de lui dire, peur que ce ne soit pas réciproque et qu'elle me rejette. J'ai peur qu'elle me voit tel que je suis vraiment, pas comme un gros con qui couche à trois à gauche, et qu'elle me rejette. J'ai terriblement peur. Seulement je ne peux pas garder ça pour moi. Ce n'est plus possible. Courage mon pote, c'est l'heure.

"Amara… j'étais sérieux tout à l'heure, vraiment. Je t'aime. Je t'aime plus que tout au monde."

© Nightmare sur Épicode.

Chacun de ses mots me donne envie de pleurer. Elle se tient là, tout près de moi tandis qu'elle déverse tout ce qu'elle à sur le coeur. Le mien se réchauffe à chacune de ses paroles, Love, si tu savais ce que tu provoque en moi. Alors qu'elle m'avoue qu'elle souhaite passer le reste de sa vie avec moi, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire. Je suis soulagé d'entendre que je ne suis pas le seul à ressentir ce genre de chose. Je suis tellement heureux de savoir qu'elle m'aime aussi. J'en oublierais presque que j'ai faillis mourir aujourd'hui, parce qu'en cet instant plus rien n'a d'importance à par elle et moi. Il n'y a que nous deux. Parce que c'est tout ce qui compte. Le reste n'a aucune importance à côté d'elle. Il n'y qu'elle et seulement elle. Je lui laisse le temps de s'exprimer, je ne veux en aucun cas la brusquer, je me contente alors de la regarder avec amour, caressant doucement sa joue. Elle passe alors sa main dans mes cheveux et dans un souffle elle me demande de lui prouver que je ne désire qu'elle et qu'elle est la seule et l'unique qui compte à mes yeux. Amara ne me laisse pas le temps de répondre, elle m'embrasse une nouvelle fois, se couchant sur moi. Je lui rends son baiser, glissant ma langue entre ses lèvres pour venir jouer avec la sienne. Je l'attire un peu plus contre moi, passant mes mains dans son dos. Notre baiser est long et passionné, elle finis par le rompre, à mon grand regret. Elle se faufile alors avec moi sous la couverture, pose sa tête contre mon épaule et commence à caresser mon ventre. Je la serre un peu plus contre moi, calant ma tête contre la sienne. J'enroule un de mes bras autour de ses épaules tandis que caresse doucement son bras. Je prends mon courage à deux mains :

"Tu veux que je te le prouve ? Amara, je pourrais te promettre des tas de choses, comme te parer des plus belles perles que ce monde possède ou t'offrir tout ce que le monde à de plus beau, mais ce se serait mentir. Regarde moi je ne suis qu'un journaliste londonien, alcoolique sur les bords qui couche avec n'importe qui. Je suis un déchet, je ne serais jamais l'homme parfait dont toutes les filles rêves. Je ne sais même pas si je suis digne de confiance. Mais quand je te dis qu'il n'y a que toi, c'est vrai. Quand tu n'es pas là je ne me sens pas vivant, il n'y a que quand tu es là, tout contre moi que je me sens enfin bien. Alors même si malgré ça tu ne me crois pas, eh bien tant pis ça prendra le temps qu'il faudra mais je finirais par te convaincre. Mais si pour ça je dois passer ma vie à te prouver mon amour. J'ai envie de brûler mes jeunes années avec toi, que nous passions nos vieux jours main dans la main et de mourir avec pour seule pensée que tu m'as aimé ne serait-ce qu'un jour dans ta vie. Mais sache je t'aime, que tu le crois ou non."

Et pour compléter ça je l'embrasse tendrement. C'est à ce moment qu'un infirmière fait son entrée. Elle demande alors à Amara de descendre du lit, non sans la sermonner sur la fragilité de mon état et de mes points. J'ai beau lui dire que je vais bien, elle refuse de m'écouter. Je lève les yeux au ciel, déjà qu'elle vient de briser un super moment émotion voilà qu'en plus elle m'emmerde. Le médecin finit alors par entrer, pour s'enquérir de mon état. Je lui répète que tout va bien. J'insiste lourdement sur le fait que j'aimerais sortir. Après une heure de négociation il finit par accepter à condition qu'une infirmière passe au moins deux fois par jour pour vérifier mon état et refaire mon pansement. Si il n'y a que ça, j'accepte. Et deux heures plus tard, nous voilà tout les deux en route pour chez moi. Je lui propose de rester un peu, histoire que nous finissions notre… discussion. À peine la porte refermé, je m'approche d'elle, prenant ses mains dans les miennes. Je lui adresse un rapide sourire tandis que je lui demande :

"Alors qu'est-ce qu'on fait ? Je veux dire… Est-ce que toi et moi, c'est du sérieux ou pas… ?"

© Nightmare sur Épicode.