Après être arrivée dans la ville, je m'étais dit que quitte à chercher des réponses ici, autant trouver de quoi gagner de l'argent et un toit pour m'accueillir.
J'avais erré dans le village pendant une bonne heure, n'ayant pas de cartes ou même un panneau indicateur sous le coude. M'asseyant sur un banc, j'ai réfléchi quant aux options qui s'ouvraient à moi. Je pouvais effectuer n'importe quel travail manuel, de par ma carrure plutôt athlétique.
Cependant, il y avait bien une chose à laquelle j'excellais.

"Even though I know-I suppose I'll show
All my cool and cold-like old job♫"

Après encore une autre heure de déambulations hasardeuses, je finis par tomber sur un bâtiment à l'allure plutôt officielle. Immédiatement, je sus que j'étais au bon endroit. Le bureau du Shérif avait une atmosphère unique et je venais à l'instant d'y mettre les pieds. Je me dirigeais vers la secrétaire dont l'air pincée m'indiqua immédiatement que je n'allais vraiment pas m'entendre avec elle.
Bon, heureusement pour elle, j'avais besoin d'un patron et il aurait été plutôt fâcheux de l'envoyer valser maintenant.

"Bonjour. J'aimerais un entretien avec le Shérif si c'est possible."

Alors qu'elle avait bredouillé des excuses aussi stupides que visiblement orientées pour me faire partir, je l'avais fixée droit dans les yeux sans bouger. Quelques minutes plus tard, elle avait foncé en direction de la porte et était revenue rapidement en m'esquivant du regard, me disant qu'il serait disponible dans une trentaine de minutes. Ce qui n'était pour moi pas un problème.
Après un rapide coup d'œil circulaire, je m'étais rendue compte que la pièce était cruellement dépourvue de sièges, ce qui me fît sourire. Manifestement, le Shérif n'était pas vraiment fan avec l'idée d'avoir une file de personnes venant se plaindre derrière sa porte.
Je m'assis sur le sol et attendis que le temps passe, la tête contre mes genoux.
Enfin, la porte s'ouvrit et j'entendis les bruits de pas d'un homme repartant à son bureau.

Immédiatement, je fus sur pied, mon ancienne plaque militaire tapant sur ma poitrine - c'était le seul souvenir que j'avais gardé de l'armée, aimant le fait que cette plaque était la seule chose qui pouvait savoir qui j'étais réellement - et m'arrêta droite devant le bureau du Shérif, effectuant un salut militaire formel.

"Bonjour monsieur, je viens d'arriver à Moonlight Falls et désire m'installer. Cependant, j'aurais besoin d'un travail et d'un toit. Je propose pour le premier de vous offrir mes services, si vous le voulez bien."

Tant de phrases sans un seul mot déplacé? Je suis vraiment sur mon trente-et-un aujourd'hui.

Oh, on est grognon de bon matin? Que c'est mignon. J'essayai de m'abstenir de sourire devant l'air fortement ensommeillé du Shérif.
Il mentionna qu'un logement serait peut-être disponible. Un vrai coup de chance, surtout pour une étrangère totale à la ville comme moi. Mais il allait falloir que je sois convaincante.
Par chance, mon Curriculum Vitae est plutôt bien étoffé et adapté.

"Je m'appelle Candace Lawson et j'ai servi dans l'armée pendant dix ans, dont cinq dans les Black Ops monsieur. Je suppose (et en l'occurrence, je suppose vraiment) que vous savez que ça demande un entrainement physique aussi bien que mental et voilà pourquoi je pense être adaptée pour le poste.
De plus, je n'ai pas de liens particulier. J'ai été déclarée morte (je pointai mes plaques à ce moment précis) et je n'ai pas de famille. Ce qui fait, de moi - je pense - une candidate idéale pour le poste, monsieur."

"Tell me I'm the only one
Tell me there's no other one♫"

Oui, ça ce serait vraiment bien, parce qu'il n'y a pas dix mille autres choses que je sais faire. Comment était mon discours? J'ai dit tout ça d'une seule traite et le Shérif semblait plutôt satisfait de ce qu'il avait entendu, bien que je ne pus malheureusement pas lire dans ses pensées.
Ce serait vraiment pratique comme pouvoir, ça. Un vrai plus pendant les entretiens d'embauche...
Mais je m'égare à nouveau.
Il me semble que j'ai tout de même complètement ignoré l'ordre précédent. Oups.

"Désolé pour le ton formel, mais je n'ai connu que l'école et l'armée alors... c'est un peu ma vie."

Ce n'était tout de même pas la meilleure excuse de tout les temps, mais en l'occurrence, c'est bel et bien vrai. Mais il n'aime peut être pas les excuses à tout va. Est-ce que je dois lui demander de me pardonner?... D'accord, je suis encore très rouillée pour les vraies interactions sociales.

Il va falloir que je rattrape tout ça.

Mon instinct était en train de me hurler que le Shérif me cachait quelque chose. Ca se voyait dans ses yeux remplis d'un cynisme coupable et les sous-entendus de toutes ces phrases.
Je ne savais pas si je devais vraiment m'en faire, étant donné qu'il m'avait tout de même embauché et fourni un toit. En tout cas, il ne semblait pas être la menace, puisqu'il se comportait gentiment (bien que fermement, comme un patron) envers moi. Décidément, j'avais mit les pieds dans une ville bien étrange... Ce qui n'était pas pour me déplaire; un peu de fantaisie me distrairait peut être de ma quête ou même pourrait la compléter involontairement.

"And what do you want, I want to change♫"

Par contre, pour ce qui était de Stanislas... Il était propriétaire d'un manoir et le louait? Etrange, d'habitude le genre de personne qui possède un manoir ne le louait pas, même si la maison était entièrement vide. Cependant, cela pouvait aussi être mon manque d'expérience flagrant de la vie qui parlait pour moi.
Une autre chose m'intriguait... pourquoi devais-je attendre 18h? Quel rapport pouvait il bien y avoir entre le coucher du soleil et cette personne? Il me fallait plus d'infos.

"Pas avant 18h? Pourquoi donc?"

"Et une dernière question, il y a t'il une armurerie dans le village? Si oui, pouvez-vous me fournir une carte chef?"

Si le village en question était aussi dangereux que ça, autant être bien équipée. Après la fin de notre discussion et une poignée de main formelle, nous retournâmes à nos occupations.

La mienne? Trouver le manoir et demander à ce dénommé Orlov si il voulait bien me prendre chez lui. Sinon, je crois qu'il ne me restera plus qu'à dormir sur un banc. C'est très classe de la part d'un flic.

Les mains tremblantes de rage et de fatigue, je m'étais élancée en direction du commissariat. Passant devant des vitrines, je vis mon reflet.
Ça faisait peur. Vraiment.
J'étais plus pâle que le ciel de cette matinée-là, la marque boursouflée exposée aux yeux de tous, tandis que ma démarche était traînante et laborieuse. Il allait me le payer.
Mais d’abord, il fallait que je passe mes nerfs sur le Shérif. Pourquoi ne m’avait-il rien dit?
J’avais l’impression d’avoir été violée.

J'ouvris d'un coup violent la porte du commissariat et foudroya du regard la secrétaire qui tenta de critiquer mes mauvaises manières. D'un geste vif, je saisis la porte du Shérif, l'ouvrant à la volée avant de la refermer aussi violemment derrière moi. Ledit Shérif l'avait senti venir.
Il avait le nez dans sa tasse, ne prononçant pas un seul mot.
Bien, il voulait que je commence? Soit.

"Est-ce que je peux savoir ce qui vous est passé par l'esprit bordel? Vous saviez que ce mec était un putain de taré et vous m'avez gentiment laissé me faire avoir? Et ce que ça vous a amusé de penser que je me faisais attaquer par ce type pendant que vous restiez ici, votre putain de cul assis sur cette chaise, tranquille?
Et maintenant expliquez-moi, c'est quoi ce bordel?"

Je pensais qu'hurler me ferait du bien, mais là j'ai surtout envie de m'évanouir - je n'ai plus la force pour ça. Et alors que je pensais qu'il se mettrait à crier lui aussi, il me rappela simplement à l'ordre.
Soit. Je m'assis sur la chaise - le terme ici était plutôt s'effondrer - et me concentrait sur les paroles d'Ian, un regard dur comme l'acier braqué sur lui. Un rapport détaillé? J'en étais capable.

"Avant toute chose..."

Je pris alors la bouteille qui trainait dans mon éternel sac à dos et m'enfilais deux comprimés d'ibuprofène. Ce qui élevait le compte de médicaments pris à quatre ce matin.
Un nombre plutôt élevé en seulement deux heures, mais la douleur était trop forte et je n'avais rien d'autre pour ça. J'en laissais au passage un sur le bureau du Shérif, sa façon de se tenir la tête en disant long sur ce qu'il éprouvait.

"J'étais en train de dormir et un bruit m'a réveillé. Je n'ai pas ouvert mes yeux tout de suite, mais j'ai senti une main se plaquer sur ma bouche et... c'était Stanislas qui me disait de me laisser faire.
J'ai pensé qu'il voulait me violer, mais là-dessus, il m'a mordu dans le cou cet enfoiré - pardon.
En me contorsionnant, j'ai réussi à me dégager une main et je lui ai tranché la gorge. Mais ça ne l'a pas arrêté, loin de là. Il a continué à m'aspirer du sang et sa gorge s'est... régénérée. Il m'a laissé presque morte et est parti comme si de rien n'était. Je suis partie comme une furie et j'ai foncé ici."

La tête me tourna soudain et je me calai un peu plus en arrière de mon fauteuil pour ne pas m'évanouir. J'avais besoin d'explications sinon j'allais faire une crise de nerfs.

"Collins, qu'est ce qui se passe ici?"