Relax, Take It Easy

Y'a des jours, je ne demande qu'une chose que quelqu'un vienne m'achever. Sérieusement. Et aujourd'hui est un de ces jours. Je ne sais même pas par quoi commencer… Entre le sevrage forcé que je subis, le fait que j'ai presque tout perdu et que mon patron ne cesse de me harceler pour ce putain d'article. Alors oui quand on combine le manque de tabac et un patron casse couille, je peux devenir désagréable et avoir des envies de mourir. Ou tout du moins de tuer quelqu'un. Genre mon patron. Croyez-moi je l'aime bien ce vieux salaud, mais là il tombe pas au bon moment. Oui je sais j'aurais du lui envoyer cet article il y a bien longtemps, mais la question n'est pas là. C'est pas ma faute si mon appartement entier, mes notes comprises, ont brûlés. Alors oui je sais… j'aurais dû faire des copies, mieux m'organiser blablabla.. Rien à foutre, je suis peut-être en tort j'en ai rien à foutre de mon point de vue c'est moi qui ai raison. Seulement j'ai besoin de manger comme tout le monde et pour ça malheureusement il faut que je trouve un moyen de motiver mon patron à continuer de me payer. C'est pour ça que je me tiens sur la palier de ce qui était mon appartement. Bon je n'y suis pas non plus que pour ces putain de notes, je viens aussi remuer les cendres de mon ancien foyer dans l'espoir de récupérer une ou deux choses qui auraient eu la chance de survivre à ce brasier. Comme quoi ? Oh je ne sais pas, mon briquet pour commencer. Parce que pour les fringues j'y crois pas, mes livres malheureusement je pense que je peux oublier et mes meubles… Oh putain j'ai même pas envie d'en parler. Je pousse un soupir d'exaspération. C'est alors que j'entends quelqu'un derrière moi, mais avant que je n'ai le temps de me retourner je sens une main se poser sur mon épaule. Je me retourne et tombe nez à nez avec Elsa. Oh génial, il manquait plus qu'elle… C'est alors qu'elle pose une question qui me donne envie de lever les yeux au ciel. Normalement c'est ce que j'aurais fait, mais là j'en ai juste marre. J'ai qu'une envie c'est d'aller me pieuter dans un coin en attendant que je le temps passe. Je lui réponds alors, évitant le plus possible d'être désagréable :

"Mon appartement a pris feu… Quelle plaie…"

Au moins elle essaye de se montrer gentille, je la soupçonne même de faire preuve de compassion. Mais je ne m'avancerais pas trop sur ce point là. Niveau relation et interaction humaine je me méfie d'elle, on parle tout de même de la fille qui m'a plus ou moins violé sur mon propre canapé. Tiens d'ailleurs lui je le regrette pas plus que ça… Voyant mon air elle me propose alors de venir chez elle pour prendre un verre, histoire de me remonter le moral. J'hésite une seconde. Ouais je devrais peut-être pas boire en sa compagnie… J'ai pas envie de finir une fois de plus allongé sur un canapé, à moitié inconscient avec elle qui… Oh non j'ai même pas envie d'y penser. Je finis par accepter, haussant simplement des épaules tandis que je la suis chez elle. Je pourrais lui faire une remarque cinglante au moment où elle me propose de s'assoir sur son canapé mais honnêtement j'ai autre chose à foutre. J'ai pas la tête à ça en ce moment, j'ai des trucs plus urgents à gérer. C'est alors qu'elle s'approche de moi et use encore de ses pouvoirs étrange pour me soigner. Oh putain, mais faut cesser là je vais bien… T'es pas mon ange gardien alors arrête de faire son boulot. Je la repousse, écartant sa main de mon front.

"Arrête de faire ça à chaque fois qu'on se croise, c'est agaçant à la fin… Je vais bien bon sang, je suis assez grand pour m'occuper de mon cas."

Faut sérieusement que les gens de ce bled arrête de me traiter comme si j'étais un gamin. Je suis pas non plus irresponsable. Enfin pas complètement. Oh ça va fermez-la. Visiblement Elsa ne semble pas de mon avis puisqu'elle me fait le bilan complet de ce qu'elle vient de soigner. Je laisse un sifflement m'échapper. Tout de même… Va falloir que je fasse un peu plus attention à moi, le foie ça ne m'étonne plus, mais le reste… Bon faut dire qu'en ce moment ce n'est pas non plus la joie, sans compter que je commence à comprendre les désagrément que mon humanité me pose dans ce bled. Je suis littéralement sans défense. N'importe qui, voir même n'importe quoi peut me faire la peau à tout moment et pour être honnête c'est fatiguant à force. Je commence à avoir du mal à être aussi impuissant. Je pousse un autre soupir avant de me laisser tomber lourdement sur le canapé. Je prends ma tête entre mes mains avant de lui dire :

"Excuse-moi, je vois bien que tu fais un effort pour être gentille avec moi et je me comporte comme le dernier des cons, mais ce n'est pas contre toi, c'est juste que je… je suis à bout. Je dois rendre un article, seulement j'ai perdu toutes mes recherches dans l'incendie, ce qui fait qu'à moins qu'un miracle se produise, je risque de perdre mon job…"

Je déteste aller me plaindre chez mes amis et encore plus auprès de gens que j'apprécie à peine. Mais là j'ai juste besoin que ça sorte. Et d'un bon paquet de clope.


© Nightmare sur Épicode.

Relax, Take It Easy

Je vous jure que mon coeur cesse de battre au moins une bonne minute. Facilement. Pour tout vous dire j'arrête même de respirer un instant. Elle est sérieuse, dites-moi qu'elle est sérieuse. Ni une ni deux je saute du canapé et me jette sur elle. Littéralement. Je me retrouve à la clouer dans son fauteuil, assis à califourchon sur ses genoux tandis que je la tiens par le col de sa tunique. Dans d'autres circonstances ça aurait pu passer pour un geste sexy mais là c'est plus l'énergie du désespoir qui me motive. Je tiens mon visage à quelques centimètres du sien, assez près pour que nos deux respirations se mélangent. Je plonge mon regard dans le sien. J'espère pour elle que c'est pas une blague, sinon elle va passer un sale quart d'heure.

"T'as lu mon article ? Genre, toutes mes notes ? Absolument toutes ? Non parce que ça me pose pas de problème, mais j'espère que tu te fous pas de moi quand tu me dit que tu serais capable de le réécrire en entier… Parce que ce serait pas sympa de ta part de me faire ce genre de blague, je suis comme qui dirait pas d'humeur pour ce genre de connerie."

Je vous jure je suis presque fiévreux. Si elle peut réellement me réécrire entièrement mon article, elle devient mon ange gardien direct. Parce que sa voudrait dire qu'elle peut me sauver la vie. Je me mords la lèvre inférieur attendant avec impatience sa réponse. Je prie intérieurement pour qu'elle ne plaisante pas. Je sens presque mon coeur battre dans ma gorge. J'ai presque envie de la secouer comme un prunier jusqu'à ce qu'elle se décide à cracher le morceau. C'est alors qu'elle finis par me dire qu'elle ne plaisante pas. Oh c'est pas vrai, elle est donc vraiment sérieuse ? Oh. Mon. Dieu. J'ai presque envie de l'embrasser. Sérieusement. J'attrape son visage entre mes mains et l'embrasse rapidement sur le front, je lui adresse ensuite un immense sourire.

"Je sais pas si tu te rends compte mais tu me sauve la vie. Je te dirais presque que je t'aime mais ça attendra peut-être que j'ai l'article sous les yeux. Je sais que j'abuse sûrement, mais tu te sens de me l'écrire aujourd'hui ? Non parce que si je fais attendre mon patron une journée de plus, je sens qu'il va venir en personne me tuer…"

Oui je sais, c'est un peu cavalier de ma part, mais oh si c'était votre job qui était en jeu je suis sûr que vous feriez la même chose. Et puis ça ce voit que vous ne l'avez jamais rencontré lorsqu'il est de mauvais poil. Oh ça non. Personnellement j'ai fait mes études avec lui, alors je sais à quoi m'attendre, mais bon sang, la première fois j'ai cru que j'allais mourir. Ou plutôt qu'il allait me tuer. Ce que j'avais fait ? Oh trois fois rien… bon ok j'avais peut-être couché avec sa copine de l'époque, mais oh qui n'a jamais fait ça… Pas vous ? Oh je suis donc le seul à qui ça ne pose pas de problème ? Ne comprenez pas par là que j'adore me faire ce genre de chose, loin de là mais des fois… Ça arrive. Vous savez, un peu d'alcool, une jolie fille eh bah voilà quoi… Avant qu'on est le temps de se demander si c'est une bonne idée ou pas, ben on finit dans un lit avec la copine de son meilleur ami. Ouh là mais je suis entrain de me perdre là… J'en étais où ? Ah oui, Elsa, mon article et mon patron. Je la relâche, lui adressant un sourire légèrement gêné. Je descend de ses genoux m'excusant à mi-voix au passage. Je retourne m'assoir sur le canapé, me servant au passage un verre de 'sky. Je prends une gorgée, oui je sais je devrais pas… Mais juste une chose : allez vous faire voir. Je fais ce que je veux. Je fais lentement tourner le liquide dans le verre avant de me racler la gorge.

"Bref… On s'y met quand tu veux, ma belle…"

Oui je sais on sent l'impatience derrière cette simple phrase. Mais bon. J'ai vraiment peur de perdre mon boulot. Et puis je sais pas, je ne suis pas totalement à l'aise avec elle… J'arrive pas à me décider si je l'aime bien ou pas. En même temps je n'ai pas non plus gardé un super souvenir de notre dernière rencontre… Va savoir pourquoi.


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Relax, Take It Easy

Alors que je trempe à peine mes lèvres dans le whisky frais, voilà qu'Elsa me fait la morale de façon plutôt sèche. Je la regarde surpris, le nez toujours dans mon verre. Wow, je sais ce que tu as aujourd'hui mais tu es de mauvais poil ma grande. Je reste un instant à la regarder, ne sachant que faire. Finalement elle cesse de s'occuper de moi pour se mettre au boulot. Je la regarder écrire une ou deux lignes avant de me décider à prendre une autre gorgée de whisky. Je n'arrive pas à détacher mes yeux d'Elsa, elle écrit sans s'arrêter, laissant le stylo courir sur le papier à une vitesse régulière presque effrayante. Elle ne fait pas une pause, n'hésite pas une seconde, le stylo ne cesse de glisser sur le papier, crachant les mots avec une rapidité surnaturelle. Plus je la vois remplir de feuille, plus mon impatience augmente. J'ai du mal à rester assis sur mon fauteuil et je descends mes verres de whisky avec frénésie. C'est comme si je buvais de l'eau, je ne fais même plus gaffe. Montre en main, il faut à Elsa pas plus d'une heure pour réécrire l'intégralité de mon article. Elle me tends alors la bonne dizaine de feuilles, l'air las. Je les attrape et sans rien dire je commence à lire fébrilement "mon article". Et là j'hallucine. J'y crois pas. C'est pas vrai. C'est pas vrai. J'arrive pas à y croire. Ce n'est pas un rapide résumé de mon article ou une vague reprise de ce qu'elle avait lu. Non. C'est la copie mot pour mot de mon article. Ce sont mes tournures de phrases, mes mots, mon style. Tout est là. C'est comme si je tenais entre mes mains l'original. J'en suis sur le cul. Elle vient juste de me sauver la vie. Mais littéralement. Avec ça je vais pouvoir garder mon boulot. Je ne sais pas comme la remercier. Vraiment. Je lui en dois une. Je ne sais pas si un jour je pourrais lui rembourser ne serait-ce que le tiers de ma dette. Alors que je reste stupéfait devant mon article, sa voix me ramène brusquement à la réalité. Je la regarde, un sourire accroché aux lèvres. D'une voix teinté d'euphorie je lui réponds :

"Je… J'arrive pas à y croire… C'est exactement ce que j'avais écrit. Mot pour mot. Je ne sais pas si tu te rends compte mais… Tu viens de me sauver la vie. Te dire que je te remercie chaudement serait insuffisant… Je ne sais pas si j'arriverais un jour à te rendre la même…"

Je fais une pause, déposant les feuilles sur la table basse, juste à côté de mon verre vide. Je me lève de mon fauteuil pour venir m'assoir sur l'accoudoir du sien, passant un bras autour de son épaule. Je prends le temps de choisir mes mots avant de lui dire :

"Alors si jamais tu as besoin de quelqu'un un jour, pour n'importe quoi, sache que tu peux compter sur moi d'accord ? N'importe quoi, qu'importe l'heure, je serais là."

Je lui donne alors un rapide câlin avant de la lâcher et de lui adresser un sourire rassurant. J'ai beau être un parfait idiot parfois, j'ai tout de même un sens de l'honneur, et je rembourse toujours mes dettes.

© Nightmare sur Épicode.

Relax, Take It Easy