La nuit tombait petit à petit sur la ville de Moonlight-Falls, tant mieux, pensai-je. La nuit était mon moment préféré de la journée, pas étonnant puisque je vivais la nuit. J'aimai la journée, bien évidement. Mais seulement, je ne pouvais pas sortir sans risquer de me transformer en tas de cendres, je ne pouvais pas m'exposer au soleil, moi qui pourtant, lorsque j'étais encore humain, adorais ça. Les clients étaient nombreux aujourd'hui, très nombreux même. Mon père serait sûrement content de tout ça mais moi, j'en avais marre de toute cette foule. Devoir les servir etc, ce n'était pas vraiment mon truc. Qu'ils aillent tous en enfer !

Alors que j'étais débordé, je m'éclipsai une minute pour aller en cuisine retrouver Amara, ma collègue de boulot. C'était assez perturbant de travailler avec le portrait craché de mon ex mais bon, je n'allai pas lui en vouloir de lui ressembler, elle n'y était pour rien, après tout. « Tu peux venir me filer un coup de main s'il te plaît ? » Lui demandai-je, un large sourire sur les lèvres. Je savais pertinemment qu'elle n'allait pas refuser, après tout, j'étais son supérieur, en quelque sorte. Mon père possédait cet endroit, ce dernier portait d'ailleurs mon nom, ça veut tout dire non ?

Cette dernière me rejoignit donc et nous terminâmes notre journée de travaille une heure plus tard, il restait encore de nombreux clients mais ce n'était plus mon problème désormais. Ma sœur arrivait et je lui souris, lui souhaitant bonne chance par la même occasion car elle allait en avoir besoin. La nuit était désormais entièrement tombée sur la ville et c'était beaucoup mieux comme ça. Amara vint vers moi pour me dire qu'elle avait terminé et qu'elle s'en allait. « A demain ! » Lançai-je à son intention avant de me diriger à l'arrière du bar pour mettre ma veste en cuir. Je sortis alors du bar et m'allumai une cigarette. Enfin, cette journée de boulot était terminée et par chance, je ne travaillai pas au Crépuscule ce soir, il ne manquerait plus que ça ! Je vis Amara pas très loin et je couru dans sa direction à vitesse vampirique, apparaissant alors à ses côtés. « Je te raccompagne, c'est pas très sûr par ici. » Ce n'était sûr nulle part en ville de toute façon mais surtout dans ce quartier. Une humaine dans un quartier de vampires … vous voyez où je veux en venir ? Je n'allai pas la laisser prendre le risque de se faire vider de son sang en rentrant chez elle. Surtout que Serena ne me le pardonnerait jamais. « Alors, ça avance ton histoire de pouvoirs ? » Dis-je en tirant une bouffée de ma cigarette. « Tu sais que dans le pire des cas, je suis là si tu en as marre d'être humaine. » D'un côté, je la comprenais totalement. Ce ne devait pas être facile d'être la seule de sa famille à être née humaine … Peut-être que sa nature de sorcière avait un peu de retard et qu'elle deviendrait sorcière plus tard ? Je ne sais pas, il faut dire que je n'y connais pas grande chose en matière de sorcellerie ...

Je ne pu m'empêcher de sourire lorsque j'entendis ses pensées. C'était normal qu'elle ne supporte pas le fait d'être protégée tout le temps mais en même temps, elle était humaine. Et dans cette ville, être humain n'était pas la meilleure chose qui soit. Etre humain revenait à être vulnérable, à la proie de tous. Enfin, surtout des vampires car c'est d'eux qu'ils se nourrissaient. « Je ne doute pas de ça, mais je préfère être prudent. Je connais la plupart des vampires de cette ville et c'est loin d'être des modèles en matière de contrôle … D'autant plus qu'un vampire est capable de lire tes pensées et ainsi, connaître ce que tu vas faire avant même que tu ne le fasses. Ne les sous-estime pas, crois-moi. » Je ne voulais pas lui faire la morale ou autre. Tout ce que je souhaitai, c'est qu'elle soit en sécurité et qu'elle prenne conscience qu'un vampire n'était régie que par l'instinct lorsqu'il chassait. Il n'y avait plus de place à la raison, à la logique, tout ce qu'il souhaitait, tout ce qu'il sentait, c'était le sang. J'avais moi-même fais les frais de tout ça par le passé, lorsque je ne me contrôlai pas du tout. Heureusement, tout ça était derrière moi.

Je grimaçai, je n'aurai pas aimé me retrouver à sa place et j'avais beaucoup d'empathie pour elle. Je posai une main sur son épaule tandis que nous marchions, lui adressant un sourire qui se voulait réconfortant et amical. « Je vais mener mes petites recherches de mon côté. Mon père est vieux, il connaît peut-être quelque chose qui pourra t'aider avec ton problème ! Et puis, je peux scruter les pensées des sorciers de la ville pour recueillir des informations. » C'était tout ce que je pouvais lui offrir, n'étant pas sorcier moi-même, je ne pouvais rien faire d'autre. Enfin si, je le pouvais, je pouvais toujours la transformer mais Amara m'avoua qu'elle avait peur de devenir vampire, peur de tuer, de ne vivre que la nuit … C'est vrai que tuer était la base pour un vampire, aucun vampire n'a jamais tué ne serait-ce qu'une personne, c'est dans sa nature après tout, surtout dans ses débuts. « On s'habitue très vite au fait de ne devoir sortir que la nuit. En plus, il existe des vitres spéciales qui nous permettent d'observer l'extérieur même en plein jour. Ce n'est pas pareil que sentir le soleil contre sa peau, mais c'est toujours ça de prit … » Je soupirai ensuite avant d'ajouter. « Tuer par contre, c'est presque un rite de passage, tout vampire en fait les frais à un moment de sa vie … Je l'ai moi-même fais dès mon premier jour entant que vampire. » Je baissai les yeux, enlevant ma main de son épaule pour fixer mes chaussures, repensant à cette période de ma vie que je préférerai oublier.

Amara venait d'apprendre que je pouvais lire ses pensées. Savoir ce genre de chose mettait tout le temps les gens mal à l'aise et il y avait de quoi ! Savoir que tout ce qui se passe dans notre tête peut-être entendu ne doit pas être facile à gérer. Néanmoins, même si j'avoue me servir de ma télépathie très souvent, j'évitais de tout le temps le faire. Premièrement, car tout le monde avait le droit à son intimité et deuxièmement car entendre les pensées de tout le monde tout le temps pouvait provoquer d'horrible mal de tête. Déjà que je m'en sors pas en étant seul dans mon crâne, imaginez avoir les pensées de plusieurs personnes en même temps. Le calvaire. Je lâchai un rire lorsqu'elle m'avoua ne pas comprendre comment je faisais pour me maîtriser en sa présence. « Oui, tout les vampires le peuvent mais ne t'en fais pas, je n'écoute plus. » Dis-je en souriant avant de reprendre. « Tu as la même tête que la première fille que j'ai aimé, ça aide pas mal je pense et puis je t'aime bien. Je n'ai donc aucune envie de te faire du mal. » Au contraire même puisqu'en ce moment-même, je la raccompagnai chez elle pour la protéger en cas de besoin.

« Et puis, je suis déjà passé par le stade où je n'arrivais pas à me contrôler, je sais le faire maintenant. » Rajoutai-je en souriant tandis qu'elle me demandait pourquoi je lui offrais mon aide et qu'elle m'affirma que je pouvais compter sur elle en cas de besoin. Qu'elle me rendrait l’ascenseur, n'aimant pas être redevable. Nous risquions d'avoir un soucis, j'aimai me sortir de mes emmerdes tout seul, je préférai car comme ça, en cas de soucis, je serai le seul à tomber, personne ne me suivrait. Voilà essentiellement pourquoi je n'entraînai personne dans mes problèmes. « Je t'aide parce que tu es la jumelle de celle que je considère comme ma sœur, que je te considère comme une amie et que je suis toujours là pour aider les gens que j'aime ... » Nous ne nous connaissions pas depuis très longtemps mais je me sentais proche d'elle, peut-être était-ce dû au fait qu'avec ma télépathie, je la connaissais presque par cœur et j'avais tout de suite apprécier tout ce que j'avais pu voir.

Un vampire arrogant, vaniteux, âgé, beau et s'appelant Hadès ? Ainsi donc elle connaissait mon oncle ? Je ne pu m'empêcher de sourire. « Je le connais même très bien, c'est mon oncle. » Enfin, c'était plus un frère à mes yeux qu'un oncle mais il n'en restait pas moins mon oncle aux yeux de tous. « Pourquoi cette question, tu le côtoies souvent ? » Je savais que mon oncle et le sang, c'était une grande histoire et j'espérai qu'il n'avait jamais bu le sang d'Amara. Elle ne méritait pas une telle chose. Balayant son cou des yeux, je fus rassuré lorsque je ne vis aucune marques de morsures.

Elle me posa ensuite une question à laquelle je ne m'attendais pas. Ma transformation. Cette dernière était encore assez récente puisqu'elle était arrivée il y a à peine quatre ans mais pourtant, je m'en souvenais comme si c'était hier. « Je suis né humain, je savais qu'à mon adolescence, le gêne vampirique s'activerait. J'ai donc eu dix-huit ans pour me préparer à ça. Je rêvais de devenir vampire mais de toutes évidences, je n'étais pas du tout préparé en ce qui concerne le sang et le contrôle de soi. Je pensai que ce serait facile mais ce fut tout le contraire. » Je marquai une pause, tirant une bouffée de ma cigarette avant de jeter cette dernière au loin. « Lorsque j'ai goûté le sang pour la première fois, je me souviens de la joie, du bien-être que j'ai ressenti. J'en suis devenu accroc dès la première gorgée et j'ai sombré peu à peu. J'ai tué beaucoup de personnes, n'arrivant pas à m'arrêter. Heureusement, je m'en suis sorti maintenant et je dirai que cette épreuve m'a beaucoup aidé. » La culpabilité de tous ses meurtres, ses bains de sang m'aidait à me contrôler, je ne voulais pas revivre une chose pareille.

Je m'étais mal exprimé et maintenant Amara croyait que je ne lui prêtai attention que parce qu'elle était la jumelle de Serena. Bon, j'avoue que c'est la raison principale qui m'avait attiré vers elle mais ça s'arrêtait là. Hormis le physique, les deux femmes étaient très différentes et je le savais très bien. Et j'appréciai Amara, non pas pour être la jumelle de, mais pour être la personne qu'elle était. Je me contentai de sourire à sa remarque, un sourire gêné, ne sachant pas trop quoi répondre à cela. Nous nous étions mal compris mais heureusement, ma phrase suivante avait rétablie les choses et elle savait désormais ce que je pensai d'elle. Je la considérai comme une amie, pas une amie proche car nous ne nous connaissions que très peu mais une amie tout de même.

Nous en vînmes alors à parler de mon oncle et cette dernière grimaça en disant qu'elle travaillait pour lui en quelques sortes, je lâchai un rire avant de la reprendre. « Mon père et lui ne peuvent pas s'encadrer, le café est exclusivement à mon père. Je suis plus ton patron qu'Hadès en sommes. » Lui dis-je avec un clin d’œil. « D'ailleurs demain, faut que tu viennes au café à l'aube ... » Je m'arrêtai ensuite de parler, la laissant croire que j'étais sérieux avant de m'esclaffer. « T'inquiètes je rigole. Et d'ailleurs, si tu veux un jour de congé à l'occasion, passes par moi, ce sera beaucoup plus simple. » Je m'occupai souvent des plannings alors il me serait facile de donner à Amara un jour de congé et de coller quelqu'un d'autre à sa place.

« Tu peux définir assez régulièrement ? » Lui demandai-je alors. Bien sûr, j'aurai pu aller chercher la réponse directement à la source mais je lui avais dis que j'éviterai de retourner dans sa tête, j'allai donc m'y tenir. Après tout, j'étais quelqu'un en qui on pouvait avoir confiance néanmoins, j'aurai voulu en savoir plus sur la relation qu'elle entretenait avec mon oncle car cela m'intéressait beaucoup. Au pire des cas, si elle ne souhaitait pas me répondre, je pourrai toujours aller chercher des informations du côté de mon oncle, même si je n'étais pas sûr du tout qu'il me fournisse des réponses à mes interrogations, il pouvait être assez secret des fois. Je ne nie pas que j'étais pareil, notamment avec ma relation avec Waylon que je cachais aux yeux de toute la ville mais c'était pour une excellente raison car si ça venait à se savoir, une guerre ferait bientôt rage en ville !

« C'est un peu plus compliqué que ça … Le vampirisme est héréditaire mais ne se déclare qu'à l'adolescence. Du coup, je suis vampire depuis toujours mais mes facultés et mes faiblesses ne sont apparus qu'à mes dix-huit ans, avant ça, j'étais une personne tout ce qu'il y a de plus normale. » Amara me demanda ensuite comment j'avais fais pour réussir à me contrôler, si j'avais toujours besoin de me contrôler ou si l'envie de tuer avait disparue. C'est que ma condition de vampire l'intéressait dis-donc ! « C'est surtout la culpabilité qui m'a aidé à me contrôler. Tuer des gens, ça peut te ronger de l'intérieur et te pousser à changer, c'est donc ce que j'ai fais. Mon père m'y a grandement aidé ... » Au moins, il avait fais quelque chose de bien pour moi, pour une fois ! J'aurai tellement aimé qu'il fasse plus que cela. « La soif de sang est présente tout le temps mais est largement surmontable. Après, si tu viens à t'ouvrir les veines devant moi, je ne garantie pas que je puisse me contrôler mais tant que ton sang reste à l'intérieur de ton corps, c'est bon. » Lui dis-je en rigolant.

Nous arrivâmes ensuite devant son immeuble. C'était donc ici que nos chemins se séparaient, sauf si bien sûr elle souhaitait passer encore un peu de temps en ma compagnie ...

Amara était soulagée qu'Hadès ne soit pas son patron et je lâchai un léger rire. Hadès n'était pas si mal en patron, au contraire, j'étais heureux de travailler pour lui, il n'était pas du tout prise de tête mais peut-être était-ce aussi dû au fait que j'étais son neveu. Travailler pour sa famille était vraiment une chose plaisante. Bien sûr, être son propre patron devait être chouette aussi, ça m'arriverait peut-être, à l'avenir. Je ne savais pas encore ce que je voulais faire de ma vie, je ne me préoccupai pas tellement du futur, me contentant de vivre dans le présent, sans penser à rien d'autre qu'à l'instant présent. Après tout, c'était la meilleure chose à faire selon moi. Rêvasser sur des choses que nous n'aurions peut-être jamais ne servait à rien.

Elle avait un besoin vital de travailler, mais pour quelles raisons était-ce si important à ses yeux ? Elle cherchait peut-être à prouver quelque chose, se prouver quelque chose ? Je ne sais pas et je n'osai pas le lui demander. Ses raisons étaient peut-être trop personnelles. Je voyais plus le boulot comme une corvée qu'autre chose et si j'avais pu faire autre chose, à savoir, ne pas travailler du tout, je l'aurai fais. Comment profiter de la vie si l'on travaille ? « Très bien, mais si tu changes d'avis, tu sais où me trouver t'façon !  »

Elle voyait donc mon oncle tous les jours, intéressant. J'éclatai de rire tout en continuant d'avancer. Elle tombait dessus par hasard à chaque fois ? Non, c'est surtout lui qui devait l'épier comme un chasseur et sa proie. « Quel heureux hasard n'est-ce pas ? » Lui demandai-je, tout sourire. C'était tout mon oncle ça !

M'autoriser à boire son sang ? Heureuse nouvelle, je préférai lorsque l'humain sur qui je me nourrissais était consentant, au moins, je ne faisais rien de mal, du moins, en théorie. Les vampires étaient capables de se contrôler mais la plupart d'entre eux n'y arrivaient pourtant pas, ou n'en avait pas envie, ou les deux. Après tout, le sang était vitale pour un vampire et c'était dans sa nature d'en consommer, pourquoi s'en priver ? « Parfait, je pourrai comparer son goût avec celui de ta sœur ! » Dis-je en rigolant. J'avais déjà goûté au sang de Serena plusieurs fois, sans en abuser bien sûr, une gorgée par ci, une gorgée par là mais rien de plus.

Nous arrivâmes ensuite devant son appartement et Amara me proposa d'entrer prendre un verre, m'entraînant chez elle avant que je ne puisse donner la moindre réponse. De toutes façon, je comptai accepter la proposition, un verre, ça ne se refuse jamais. Je pénétrai donc dans son appartement, pour la toute première fois d'ailleurs. La jeune femme s'excusa pour le bordel dans son domicile. « T'excuses pas, tu verrais l'état de ma chambre ! » Moi et le rangement, ça faisait deux. Mais j'aimai mon bordel, mes habits traînant de partout, des poches de sang vide sur le sol et j'en passe et des meilleurs. Mon père me faisait souvent des réflexions sur l'état de ma chambre mais je m'en fichais, c'était ma chambre après tout, je faisais ce que je voulais dedans et si je ne voulais pas ranger, je ne le ferai pas. « Pourquoi tu n'habites pas dans le manoir familiale ? » Lui demandai-je alors que je m'asseyais sur le canapé. Je n'étais pas chez moi mais je suis sûr qu'elle ne m'en voudrait pas de m'être assis. Elle ne devait pas être ce genre de personne.

En effet, Hadès ne m'avait pas parler de leur rencontre mais ça ne voulait rien dire. « Il ne m'en a pas parlé, non, mais ne sois pas si pessimiste, s'il ne m'a rien dis, c'est parce qu'il tient à toi je pense. » Enfin, à sa manière. Du moins, c'est ce que je croyais. Et puis, Hadès était loin de me raconter toutes ses histoires de femmes, il devait y en avoir un paquet d'ailleurs. Il n'était pas non plus du genre à montrer ce genre de sentiment, ce qui expliquait pourquoi il ne m'en avait jamais parlé.

Amara me demanda si Serena avait été consentante ou si cela avait eu lieu pendant un soir de pleine lune. Comment pouvait-elle savoir que la pleine lune avait ce genre d'effet sur les vampires ? D'ailleurs, je ne comprendrai jamais pourquoi l'astre avait des effets sur nous, créatures surnaturelles. Comme si se retrouvait prisonnier d'une ville n'était pas suffisant, il fallait aussi que la lune ait un rôle à jouer. « Du calme papillon. » Rétorquai-je alors que cette dernière haussait légèrement le ton. Il n'y avait aucune raison de s'énerver. « Ta sœur était d'accord. Je lui ai demandé avant. Jamais je ne l'aurai mordu sans son accord. » J'avais été fou amoureux de cette femme pendant très longtemps et je n'aurai rien fais qui puisse lui causer du tort, pleine lune ou non. « Je suis un gentil vampire, n'oublies pas. » Lui dis-je avec un clin d'oeil. Enfin, gentil vampire, pas vraiment, mais je savais me montrer très gentil avec les personnes que j'appréciai. Avec celles que je détestai, c'était une toute autre histoire par contre et j'étais capable d'être un véritable enfoiré avec ces gens-là.

Prenant mes aises dans son appartement, j'observai un peu la pièce. Un appartement aidait grandement à en connaître plus sur sa propriétaire étant donné que c'était un endroit personnel. Il n'y avait d'ailleurs pas d'endroit plus personnel qu'un domicile. Je lui posai ensuite une question qui était peut-être déplacée puisqu'elle se coupa net dans ce qu'elle faisait juste après que j'ai ouvert la bouche. Si elle ne souhaitait pas répondre, à sa guise, je ne la forcerai pas, c'était juste histoire d'en savoir un peu plus sur elle. Je connaissais sa sœur par cœur. Pourquoi ne pas faire pareil avec le reste de la famille ? Excepté Dante bien sûr car entre lui et moi, c'était loin d'être l'amour fou, bien au contraire. On faisait semblant de s'aimer vis-à-vis de Serena mais ça s'arrêtait là …

Amara me répondit quand même, à ma grande surprise. Elle ne se sentait pas chez elle dans le manoir familiale et avait l'impression de ne pas avoir sa place dans la famille. « Parce que tu es humaine et pas eux ou il y a autre chose ? Et ne te sens pas obligée d'en parler, si tu ne veux pas, on change de sujet ! » Je ne voulais surtout pas qu'elle se sente mal à l'aise ou autre, loin de moi cette idée. Mais je pouvais parfaitement comprendre qu'elle ne se sentait pas à sa place. Si j'étais resté humain et que toute ma famille était des vampires, j'aurai sans doutes ressenti la même chose qu'elle et j'aurai également déménagé.

« Je veux bien une bière si tu en as ! » Lui dis-je avec un léger rire. Après, c'était une femme, et pas toutes les femmes avaient ce genre de boisson dans leur frigo néanmoins, qui ne tente rien n'a rien n'est-ce pas ? « Si t'en as pas, n'importe quelle boisson alcoolisée fera l'affaire ! » Ajoutai-je ensuite. L'alcool et moi, une grande histoire !

« Ne t'excuses pas. J'aurai réagi de la même manière que toi si les rôles avaient été inversés ! » Qu'elle aussi se fasse quoi ? Mordre ? Amara avait donc déjà connu la morsure d'un vampire. Celle d'Hadès ou bien celle d'un autre vampire ? Nous n'étions pas assez proches pour que je lui pose ce genre de question, surtout que vu sa tête, elle avait fais une gaffe. J'allai évité de la mettre encore plus dans l'embarras. Si elle souhaitait m'en parler un jour, elle le ferait, je ne voulais en aucun cas lui mettre la pression. Je mordais tout le monde sans leur accord mais pas mes amis. Je ne le faisais que s'ils l'acceptaient. Je ne me voyais pas planter mes crocs dans une personne que j'apprécie sans que cette dernière ne le souhaite. Je savais cependant m'y prendre en douceur et ainsi, ne causer presque aucune douleur à ma victime même s'il m'arrivait également d'être plus violent, surtout lorsque la soif de sang est plus grande car dans ces moments-là, il m'est impossible de me contrôler, même si je le souhaiterai.

« C'est un sujet tabou oui mais comme tu m'as posé des questions particulièrement personnelles, je me dis que je peux faire pareil. » Lui répondis-je en souriant tandis que j'écoutai sa réponse à ma question. Je comprenais beaucoup mieux pourquoi elle vivait seule et non pas avec le reste de sa famille. Elle se sentait rejetée, exclue et n'entretenait pas de bonnes relations avec aucun des membres de sa fratrie. Nous avions beaucoup de choses en commun. Le plus important était que nous avions tout les deux perdus notre mère même si dans mon cas, c'était différent puisque je ne l'avais jamais connu, ce qui était beaucoup moins douloureux que pour Amara qui avait grandis avec elle et avait ensuite dû se résoudre à vivre sans elle. J'en parlerai avec Serena, je suis sûr qu'il y avait un moyen pour que les deux jeunes femmes se réconcilient et deviennent plus proches. Elles étaient sœurs jumelles, il n'y avait pas de lien plus fort que celui-ci, ça serait bête d'en rester là. « Ta sœur n'était pas elle-même pendant son adolescence, elle a changé désormais et je suis sûr que vous pouvez devenir plus proches si vous y mettez du vôtre toute les deux. Bianca ne t'aiderait pas juste par pitié. Serena m'a raconté qu'elle passait beaucoup de son temps à faire des recherches pour t'aider. Elle y accorde beaucoup d'importance parce qu'elle souhaite t'aider, elle t'aime j'en suis certain. » Je n'avais pas grandis au milieu de leur famille, je n'avais donc qu'un avis externe sur le sujet mais personnellement, je ne passerai pas autant de temps à aider quelqu'un juste par pitié. Elles étaient sœurs et il était normal de s'entraider entre membre d'une même famille. Malgré le fait que leurs relations soient tendues entre tous, les liens familiaux étaient très puissant et même si ils ne se le montraient pas, ils s'aimaient. C'était comme ça dans beaucoup de familles.

Parfait, elle avait de la bière ce qui était étonnant car je ne connaissais que très peu de femmes qui en consommaient. Mais Amara n'était pas comme toutes les autres femmes de toutes évidences et c'est ce qui m'attirait chez elle. Le fait qu'elle ne soit pas comme tout le monde. Elle avait beau n'être qu'humaine et détester sa condition, elle avait beaucoup de qualités, mis à part les pouvoirs, elle n'avait rien à envier aux créatures surnaturelles. Je réceptionnai la bière en plein vol dans un rapide mouvement. Ah, les réflexes vampiriques, qu'est-ce que ça peut être bien ! « Merci ! » Ajoutai-je en ouvrant la bière sans difficultés. Amara vint me rejoindre sur le canapé, une bière à la main également. « Question conne, t'as déjà essayée de sortir de la ville ? » Après tout, elle était humaine alors peut-être qu'elle en était capable ? Je ne m'étais jamais posé la question de si un humain est capable de sortir d'ici à sa guise ou non. A mon avis non sinon, elle ne serait pas ici. Je rêvai de pouvoir quitter celle ville de fous, explorer le reste du monde, découvrir comment peut-être la vie en dehors de Moonlight-Falls. Je rêvai du jour où cette barrière magique serait enfin brisée, nous permettant à nous autres, créatures surnaturelles de profiter à fond de notre vie sans être retenus prisonniers de quoi que ce soit.

Bon, ce sujet semblait l'énerver. C'est qu'elle est extrêmement lunatique comme femme dis-donc ! Ce n'est pas la première fois qu'elle s'emporte durant la soirée. « Désolé, je n'ai pas voulu te blesser. » Parfois, mes phrases pouvaient être mal interprétées mais je ne voulais en rien l'énerver. « Je n'en doute pas. Vous retrouverez cette complicité, le temps arrange bien des choses, tu verras, tout ira bien pour vous deux. » Surtout qu'elles étaient sœurs, elles redeviendraient proches à un moment ou un autre, du moins, je l'espérai pour elles. J'espérai également qu'un jour ou l'autre, ma sœur et moi puissions également nous rapprocher car jusque là, ce n'était pas encore ça. « Crois-moi, je suis le mieux placé pour comprendre ce que tu ressens. Mes relations avec ma jumelle ne sont pas comme je le voudrais... Ni avec aucun des membres de ma famille d'ailleurs. » Nous avions de nombreux points communs et plus on parlait, plus ces derniers étaient nombreux. Nous étions fais pour nous entendre.

Je bu ensuite une gorgée de ma bière tout en lui posant une question des plus connes. Amara me répondit qu'elle n'y avait jamais pensé. « Je me suis dis que peut-être que comme tu n'es pas surnaturelle, tu aurais pu sortir de la ville... » Je marquai une pause avant de reprendre. « J'ai complètement oublié pour ta mère sinon, je ne t'aurai pas posé cette question, j'espère que tu ne m'en veux pas ! » Je parlai parfois sans réfléchir et il m'arrivait de faire des gaffes comme celle-ci assez souvent, trop à mon goût d'ailleurs. Faudrait peut-être que j'apprenne à me servir de mon cerveau de temps à autre et de fermer ma bouche. Mais c'est très difficile, j'vous jure.

« A l'occasion, faudrait qu'on se fasse un truc ensemble, histoire d'apprendre à mieux se connaître, passer du bon temps etc. » J'étais quelqu'un qui adorait faire la fête et me mettre dans des états lamentables. En plus, comme Amara et moi étions en très bonne voie pour devenir amis, il était normal que je tente de l'entraîner dans mes soirées de folie. D'ailleurs, il y en avait bientôt une dans la forêt, ça allait être bourré de vampire mais elle ne craindrait rien, personne n'oserait s'en prendre à elle si elle était avec moi. L'un des avantages à porter un nom de famille connu en ville. Je finis ma bière d'une seule traite avant de la poser sur la table basse. Je sortis mon téléphone de ma poche pour lire le message que je venais de recevoir, il s'agissait de ma cousine qui me disait qu'elle avait des emmerdes. Je lâchai un soupire avant de me lever, prenant le téléphone d'Amara pour y inscrire mon numéro. « J'ai un imprévu, il faut que je file ! Merci pour la bière et on se revoit très vite ! » Je déposai un baiser sur sa joue avant de m'en aller.