... c'est juste que j'ai le don de réussir à me faire détester au bout
de 5 minutes de conversation. Merde! Bon je suppose que le fait que j'ai tendance à jurer constamment y est pour quelque chose, je sais que je devrais pas mais vous avez déjà vu des bars, des chalutiers ou des ateliers de réparation où personne ne jure ? Ben non et (malheureusement ?) c'est là que j'ai passé une bonne partie de ma vie mais je le regrette pas. Non. Sinon je crois que j'aurais jamais quitté ce pays de buveur de sirop d'érable qu'est le mien. C'est sûr que l'air du port de Nuuk, ça vous change du canal Rideau. J'adore voyager et je crois que quelque part j'ai toujours su que je resterais pas cloîtrer dans ma chère Ottawa et pourtant...
On peut pas dire que le début de ma vie m'est prédestiné à ça.
Faut dire que le début de mon voyage a plus des allures de Frank William Abagnale, Jr que de Phileas Fogg. Pour tout dire, j'ai jamais été un gamin très exemplaire, j'étais même carrément l'inverse. Vous vous souvenez du gosse à l'école primaire qui vous piquait votre goûter, fessait exprès de tirer sur vous à la balle au prisonnier et déchirait vos dessins ? Ce gosse, c'était moi et on peux pas dire que ça s'est arrangé en grandissant. Le gars qui traînait en bande, vous rackettait, cassait vos lunettes, fessait tomber vos livres dans le caniveau ? C'était bibi. Ouais. Un vrai connard, vous pouvez le dire, et j'étais bien partit pour en rester un.
Puis c'est arrivé.
Je m'en rappelle. C'était en été 74. Ricky et le reste des gars avait organiser ce qu'ils appelaient "un vernissage". En gros, ça consistait à visiter (de manière complètement illégale) les magasins qui vendaient des voitures lorsqu'il y avait un nouvel arrivage et à piquer la plus belle du lot. On fessait toujours ça le soir forcément et cette nuit là... c'était la pleine lune. Je vous laisse imaginer la tête des gars (et la mienne) quand des poils ont commencés à pousser d'une manière plutôt rapide sur tout le corps de leur pote, que ses dents se changeaient en crocs; ses yeux viraient aux jaunes et que le nommé Lars O'Corrigan s'était changé en loup sans prévenir. La frousse de leur vie, voilà ce qu'ils ont eu... et moi aussi d'ailleurs. Quand ils sortis leurs couteaux à cran, je suis pas resté pour demander mon reste. Toute la nuit, je l'ai passé à arpenter les rues et rester le plus possible dans l'ombre. Le lendemain matin, je suis rentré chez moi, j'ai passé par la chambre de ma fenêtre ouverte et je me suis endormis sur mon lit, priant que tout ça ne soit qu'un cauchemar. A mon réveil, j'avais repris forme humaine mais les traces de pattes dans ma chambre et le fait que je sois nu comme un ver me rappelaient ce qui s'était passé la nuit dernière.
Ce que j'ai fais ?
J'ai dis à M'man que j'avais pas l'intention de passer ma vie dans cette ville et dans ce pays de bouffeur de pancakes, j'ai fait ma valise et le lendemain je prenais le bus qui partait le plus loin. Direction le Maine! Je sais que ça peut paraître brusque de quitter sa mère comme ça mais je crois que dans le fond elle savait que ça allait arriver. Pas le truc de loup-garou, ça non. Mais le fait que je me barrerais un jour sans crier gare.
Puis 29 ans ont passés.
J'ai visiter les 5 continents en long et en large. J'ai vu et fais des choses dont je ne connaissais même pas l'existence. Bien sûr, des fois je passais voir M'man mais depuis sa mort il y a 5 ans j'ai plus remis les pieds au Canada. Trop de souvenirs...
Aujourd'hui je suis arriver à un âge où j'ai l'impression d'avoir tout vu, tout senti, tout fait... Je pense que le moment est venu pour le vieux Lars O'Corrigan d'arrêter de vagabonder. Durant mes voyages et mes rencontre avec d'autre gens "comme moi", j'ai entendu parler d'une ville pour les gens comme "nous" : Moonlight Falls. Après maintes recherches j'ai finis par a trouver, non sans mal.
Ceci est l'histoire de Lars O'Corrigan et le dernier volume est sur le point d'être écrit.