Une journée...spéciale

Un après-midi ensoleillé, à nouveau. C'est pas Aerie qui va se plaindre, encore une autre journée de pluie et elle ce serait liquéfiée...
D'accord, les plantes ont besoin d'eau, mais tout de même!
Après un soupir, la fée se dirigea vers le comptoir sur lequel elle s'étendit de tout son long.

Au moins, qui dit soleil, dit moins de maladies. Non pas que ça arrangeait son business, mais voir des loups malades la déprimait au plus haut point.
Elle se fit alors la réflexion qu'elle n'était que rarement malade, ce qui était une bonne chose, étant donné qu'elle n'avais pas de remplaçant et que tout le quartier s'en ressentirait pendant sa convalescence.

Et aussi les rares étrangers qui venaient.
Jamais des vampires bien sûr; la pharmacie était loin d'être un terrain neutre, ça faisait partie des règles du jeu.
Les fées étaient très rares et Aerie les trouvait très intimidantes, tandis qu'elles l'ignoraient royalement (ce qui l'arrangeait au fond, puisqu'elle n'avait pas à les regarder dans les yeux du coup).
Elle n'avait jamais vu de sirènes, souvent trop indépendantes pour oser venir acheter des produits ou se faire soigner.
Les humains quant à eux... Peu étaient venus dans sa boutique, mais elle gardait un souvenir incroyablement précis d'eux : leur curieuse façon de se comporter, leur insouciance quant à l'endroit où ils se trouvaient et même l'attention redoublée qu'on devait apporter pour leurs soins.

Les humains lui manquaient. Eux au moins (mis à part les lycans) n'étaient pas remplis de suffisance ou de mépris envers elle, principalement parce qu'ils ignoraient tout de l'endroit où ils évoluaient.

Aerie fût tirée de ses songes par le bruit de pas s'approchant. Un client? Etrange.
Dans le doute, elle ne bougea pas de sa position plutôt particulière (allongée sur le dos, les mains jointes sur sa poitrine) et attendit.

Une journée... speciale

Quand l'humain entra dans la salle, Aerie fit mine de dormir. Elle avait en réalité envie de l'étudier à son insu. Cependant, quand il posa son coude sur le comptoir et que la fée sentit l'odeur de l'humain, elle tomba à la renverse.
Il empestait le vampire!
D'un coup d'oeil rapide, elle repéra la marque sur son cou. Une morsure. Et pas une petite.

D'un bond agile, elle se remit sur pied et fonça vers la devanture du magasin où elle ferma tous les stores précipitamment, le tout sous le regard médusé de l'humain.
Elle s'exclama : "Mais vous êtes malade? Venir ici après avoir été mordu et le tout à découvert!"
L'odeur était vraiment trop forte pour une seule morsure.
"Virez moi ce t-shirt et vite."

Comme l'humain ne semblait pas réagir, elle prit alors conscience qu'il n'était pas au courant et n'allait sûrement pas se laisser soigner comme ça.
Aerie employa une technique un peu fourbe. Mais pour son bien évidemment.

"Eh, c'est par ici que ça se passe, dit-elle en soulevant sa robe"
La ruse fonctionna et l'humain fût encore plus déstabilisé. D'un seul bond, Aerie se jeta en avant et lui asséna un coup léger à la tempe.
L'effet fût instantané et l'humain vacilla avant d'être rattrapé par la sournoise.

Avec beaucoup de mal, celle-ci le hissa jusqu'en haut de son appartement, le déposant sur son lit.
"Voyons voir ce que tu caches."
Hormis la "mégamorsurequifaisaitpeur" au cou, Aerie en compta dix autres dont deux au tétons.
Maintenant qu'elle avait atteint une charmante couleur pivoine, la fée décida de suivre les petites morsures et fût contraint de le déshabiller complètement.
Une fois que ce fût fait, elle dû l'examiner sous toutes les coutures (non sans atteindre le carmin d'abord), puis l'attacher au lit.

L'humain était dans un sale état, mais Aerie pensait pouvoir l'aider. Elle alla donc chercher quelques fioles à sa pharmacie dont le contenu était noir encre de chine.
"Crois moi, tu me remercieras de t'avoir endormi après ça"
Elle entreprit de verser le contenu de la bouteille sur chaque plaie qui se mirent toutes à fumer de façon intense, tandis que le corps se tendait de douleur.

Après ça, la fée se contenta d'envelopper l'humain d'une couverture et d'attendre sur un fauteuil non loin son réveil qui ne prendrait pas trop longtemps une fois les effets de la mixture terminée.

Une journée... spéciale

L'inconnu était en train de se réveiller!
Il n'était pas prêt pour un réveil, il risquait de faire une crise cardiaque, ou quelque chose du même acabit!
Mais l'inconnu se réveillait "tranquillement", sous le regard mi-fasciné, mi-terrifié de sa bonne fée.
Il eût même rapidement assez de force pour articuler un : "Être attaché au lit d'une femme ça ne me gêne pas plus que ça mais je ne le fais jamais au premier rencard. Alors j'aimerais bien que tu me détache et que tu me rende mes fringues." plutôt bravache.

Elle put lire dans ses yeux que le côté brave cachait l'appréhension et l'incrédulité. Cet humain la fascinait vraiment et elle regretta amèrement d'avoir connu un départ aussi abrupt entre eux; ce n'est pas les amis qui faisaient légion chez elle.
En plus, il avait l'air de pouvoir raconter des anecdotes marrantes (à cette partie précise de sa pensée, elle essaya d'occulter le souvenir du corps nu de l'homme)!

"Pas question, répondit-elle en reprenant sa contenance. J'ai plusieurs questions qui nécessitent une réponse."

"Qui t'a fait ça? Je devine que tu étais consentent, mais il ne t'a manifestement pas expliqué les règles du jeu avant de te transformer en passoire.
Qu'est ce que tu viens faire à Moonlight Falls?
Et surtout pourquoi est-ce que tu es venu me voir, on se connaît? Il n'y a que très peu de gens envers qui j'ai une dette."

Se rappelant soudain que quand on a une robe, on croise ses jambes, Aerie reprit sa charmante couleur pivoine et se maudit d'être aussi quiche, surtout après des phrases aussi bien enchaînées.

"Réponds à ces questions et tu partiras libre."

Une journée... spéciale

Aerie laissa un échapper un soupir de soulagement. Il n'était pas là pour créer du grabuge avec les loups.
Cependant - et le regard de la fée s'assombrit - elle devait prendre en compte qu'un certain Velcan s'amusait à transformer des humains à leur insu.
Son regard passa sur les morsures et devint encore plus ténébreux, elle ne supportait ce genre d'injustice.

Puis Andréas enchaîna avec son trait d'humour qui la fît rire aux éclats. Cet humain vraiment, toujours drôle, même dans la pire des situations!
Elle nota tout de même la note d'appréhension dans sa voix et essaya de calmer le jeu. "Désolé d'avoir été aussi abrupte."
Aerie hésita un instant avant de se lever : L'humain risquait de lui en vouloir de l'avoir attaché. Puis la pensée que il serait encore plus énervé si elle ne le libérait pas la frappa (et elle eut aussi envie de se frapper devant sa stupidité).

"J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle, s'exclama t'elle tout en se levant, la bonne nouvelle, c'est que je vais te libérer. La mauvaise, c'est qu'on va avoir beaucoup de temps pour se connaitre - moi c'est Aerie", dit-elle en simulant une poignée de main.
"Et aussi que je ne sais plus où j'ai rangé tes vêtements, mais ça c'est accessoire"
Aerie se leva donc en direction du lit et commença à défaire les liens.
Une fois défaits, elle eut un sourire : "Essaie de te lever!"

Ce qu'il fit. Et échoua trois fois de suite.
Le tout en retombant mollement sur le lit.
"Et oui, c'est la contre-partie de la mixture! Pendant ces trois jours où ton corps se bat avec la bactérie et où tu aurais normalement pu bouger et bien... Tu ne pourras pas. Et tu n'as que 75% de chance de rester humain."

"Bien, un sujet de discussion particulier avec l'inspecteur ou tu veux appeler un avocat?"
Et là, elle se rendit compte qu'elle lui avait donnée un sacré point de vue en défaisant le lien de son poignet gauche. Elle allait rester carmin à force.

Une journée...spéciale

Elle avait déjà pensé au fait qu'elle devrait l'aider à se déplacer et effectuer toutes les tâches du quotidien, ce qui ne lui faisait pas vraiment peur (ne pas penser au bain, ne pas penser au bain) et lui lança donc un sourire de défi pendant sa tirade.
Jusqu'au passage de l'ex.
Pourquoi avait-il eu besoin de mettre son célibat éternel sur le tapis?
Aerie avait maintenant un air abattu et alla préparer le dîner, ignorant totalement Andréas et sa dernière réplique déplacée. Elle décida de faire simple, en l'absence de moral et d'idées et partit sur un simple mais efficace steak/pâtes.
Pendant la becquetée, la fée décida de le passer à la question pour satisfaire sa curiosité et se changer les idées (et se venger aussi).

Une fois qu'elle eut fini de le faire manger et dévoré sa propre part, elle prit la parole.
"Bien, maintenant, on va jouer à un jeu que j'affectionne : le question/réponse.
Je ne connais rien des humains (ou si peu) et vous avez l'air franchement intéressants. En échange, tu pourras poser la question que tu veux!"
Elle fit mine de réfléchir pour quelques secondes (alors qu'elle avait déjà préparé mentalement toutes ses questions pendant qu'elle lui donnait à manger).
"D'où viens tu? C'est bien le monde extérieur? T'as des amis ici? Des euh...plus qu'amis (hormis la sangsue évidemment)? Qu'est ce que tu fais dans la vie? T'as des pouvoirs?"
Une fois les réponses données, y compris les siennes, la fée décida qu'il était l'heure du bain.
Le carmin était vraiment la nouvelle mode.
Après une noyade manquée et encore plus d'embarras, la fée le ramena dans son lit - non sans trébucher sur ses affaires d'abord - et une série de questions plus tard, il fût déjà l'heure d'aller se coucher. La pire partie.

Et évidemment. ÉVIDEMMENT. Cette maudite salle de bain n'avait pas de porte.
Aerie décida d'oublier sa dignité et se changea devant Andréas, enfilant une nuisette bien trop transparente à son goût par dessus ses sous-vêtements.
Au moment de rentrer dans le lit - et en repoussant l'humain à l'autre extrémité du lit - elle prit la parole : "Ne pense pas ne serait-ce qu'une seconde t'approcher de moi pendant la nuit, sinon je te promets que je t'étouffe avec ton oreiller!"
Et sur ce, elle se tourna du côté opposé à Andréas.

Une journée...spéciale

Allongée sur le côté, Aerie ressassait les évènements de la journée, très bonne selon ses critères : elle n'avait tué personne.
Bon, il y avait eu quelques points sombres : les questions/réponses qui lui avait pourtant paru inoffensives. Au début, elle avait bu les paroles du journaliste avidement, l'écoutant parler de Londres - tout en se promettant de fouiller dans le porte-monnaie pour trouver ladite photo - puis de sa condition humaine. Ainsi donc, il n'avait pas du tout de pouvoirs? La vie devrait être bien plus facile sans malédiction.
Elle secoua la tête, pour chasser ses pensées et se concentrer sur la prochaine question.
Question qui avait été comme une douche glacée.
"Je suis une fée ratée. Je n'en ai jamais eu et je ne pourrais jamais."
Sentant les larmes monter, Aerie avait décidé de feinter en prétendant s'occuper du bain.

Malgré tout ça, la fée gardait un bon souvenir de la journée, embarras compris.
Et c'est là-dessus qu'elle préférait s'arrêter, cristallisant l'instant avant de sombrer dans les limbes.

C'était sans compter sur un léger détail qu'elle ignorait.
Lotus (partie sombre d'Aerie) se retourna vers Andréas qui tentait une percée dans les bras de la douce et lui décocha un de ses sourires de psychopathe plutôt bien choisi.
"Bonjour Andréas", fit une voie rauque, très différente de la voix éthérée d'Aerie.
En un seul mouvement fluide, Lotus se mit à demi-assise (ses bras bloquant les poignets d'Andreas, qui avait les bras vers le haut et, assise sur son torse, mais sans s'appuyer dessus)
et regarda l'humain droit dans les yeux, ses paupières un peu trop ouvertes.
"Et si je te tuais, là maintenant, là tout de suite?"
Au moment où elle prononça cette phrase, la tige de la plante la plus proche se mit à grandir et à vriller, en s'approchant dangereusement près de l’œil d'Andréas.
"Mais elle n'apprécierait pas hein? (La plante se rétracta) Non, je pense que ça lui ferait de la peine. Et on ne veut pas ça hein?", dit-elle avec un sourire particulièrement retors.
"Je veux que tu regardes bien ça."
Lotus s'approcha alors du mur entre la salle de bain et donna un seul coup de poing. Son bras passa dans le mur comme du beurre.
"Ça, c'est toi si tu lui fais du mal."
Et sans un seul mot de plus, elle retourna se coucher.

Au réveil, Aerie se trouva curieusement de bonne humeur et fit même un câlin à Andréas qui sembla bizarrement peu réceptif, chose à laquelle elle ne prêta pas réellement attention et fonça (non sans trébucher plusieurs fois) en direction de sa cuisinière sur laquelle elle commença à préparer le déjeuner, tout en chantant à voix basse.

Elle ne s'interrompit que quelques secondes pour dire : "Tiens, je me rappelais pas qu'il y avait un trou dans ce mur!"

Une journée...spéciale

Aerie regarda l'humain chuter avec un petit rire, elle s'était retournée dès qu'elle l'avait entendu remuer, puisqu'elle savait pertinemment que la chute serait assurée.
"Attends, je finis cette crêpe et je suis à toi, dit-elle tout en la faisant sauter d'un geste expert."
"Et voilà!" Elle ramassa le pauvre Andréas et le reposa sur le lit. "Dès que j'ai fini le déjeuner, je m'occupe de toi d'ailleurs!" Se donnant une grande baffe mentalement pour ce double-sens, elle ne dit rien pendant quelques secondes puis, sa dernière crêpe ayant fait un double saut périlleux dans les airs, elle se lava les mains et se tourna vers l'humain.
"Bien, roule sur le côté!" D'abord hésitant, ce qui cette fois surprit la fée, Andréas se laissa faire et elle examina ses cicatrices. A part celle à l'aine et celle au cou, toutes les cicatrices s'étaient déjà refermées. Elle poussa un soupir de soulagement et s'en retourna aux crêpes.
Une fois répartie dans deux plats, Aerie tendit le plus gros à Andréas ainsi qu'un sucrier.
"T'as l'air bizarre, t'es sûr que tout va bien?"
Il s'en suivit une longue discussion qui assombrit la fée pendant un moment mais qu'elle décida d'oublier pour l'instant.

Et plutôt de profiter du moment. Avec un sourire, elle se retourna vers l'humain en lâchant un : "C'est l'heure du bain!"
Elle lui servit d'appui jusqu'au bain, ignorant ses quelques remarques salaces (lui était nu et elle toujours en sous-vêtements. "Bon, pendant que tu te laves, je vais faire deux trois exercices d'assouplissement, je suis un peu rouillée."
Aerie se mit environ à deux mètres du bain et commença sa série d'assouplissement.
Commençant d'abord par essayer de toucher ses pieds avec ses mains, exercice où elle était plutôt douée et enchaîna en se mettant à genoux et en courbant son dos à quatre-vingt dix degrés. Elle aperçut au passage Andréas qui ne bougeait pas et avait vraiment un air bizarre. "Ben alors, tu ne te laves pas? Tu vas fondre!"
Elle enchaina ensuite avec quelques mouvement sur le côté puis finit avec un grand écart parfait, mais bien lent pour éviter de se blesser.
La fée se tourna alors vers l'humain qui avait la peau rouge vif et l’œil brillant. "Bien, je vois que tu as fini, bon dépêche toi d'évacuer l'endroit, j'ai bien besoin d'y passer aussi!"
Une fois qu'il fût séché et habillé, elle le tourna dos au mur et se déshabilla avant de rentrer dans un nouveau bain fraîchement coulé.
Si Aerie avait quelque chose en commun avec les plantes, c'était bel et bien son amour pour l'eau. Oubliant de se savonner, elle se laissait couler dans le bain et restait en apnée pendant une poignée de secondes, avant de remonter et reprendre son souffle.
Au bout de la troisième plongée, une remarque sarcastique d'Andréas l'arrêta et elle se lava rapidement. Une fois séchée (avec de grandes précautions pour éviter que l'autre ne se rince un peu trop œil) elle sortit du bain, une serviette à la taille, cherchant des vêtements propres en se contorsionnant, fouillant dans tous les tiroirs. Elle finit enfin par trouver son bonheur et s'habilla rapidement.

"Ça te dit un autre question/réponse?" Sans laisser le temps à Andréas d'ouvrir la bouche, elle enchaîna : "T'as rencontré toutes les races ici? Si tu as l'occasion de partir, tu le feras? C'est quoi ta couleur préférée (elle était bizarrement curieuse de le savoir)? Je peux lire ton carnet? Tu dessines? Qui est ce que tu fréquentes d'habitude?"
Après les réponses d'Andréas et les siennes à celui-ci, ils décidèrent qu'il était grand temps de faire un peu de rangement. En tombant sur la veste de l'humain (qu'évidemment elle avait prise à l'envers...EVIDEMMENT), elle fît accidentellement chuter le porte-monnaie et une curieuse flasque métallique. Reniflant la flasque (elle avait d'abord jeté un coup d'oeil en coin pour voir si Andréas était bel et bien distrait), elle se rendit compte que celle-ci contenait de l'alcool. Et elle n'en avait jamais bu... La flasque disparut discrètement dans les méandres chaotiques d'un de ses tiroirs, tandis qu'elle se tournait vers le porte-monnaie. Des bords blancs en dépassaient et quand Aerie tira pour voir ce que c'était, une photo lui tomba dans la main.

"Eh Andreas, c'est qui elle? C'est Londres?" Décidément, cet humain était vraiment fascinant!

Une journée...spéciale

Un grand silence suivit la révélation d'Andréas.
Même si Aerie était plutôt de nature maladroite, la détresse de l'humain qui n'avait jamais réellement fait son deuil ne lui échappa pas. Elle s'approcha de lui et lui fit un câlin rapide, avant de se tourner vers une armoire usée. Après quelques secondes de fouille seulement, elle trouva ce qu'elle cherchait et tendit une photo légèrement floue.
"Le pire, c'est de n'avoir aucun souvenir."
Sur la photo cornée, on pouvait voir une petite fille entourée de deux personnes qui semblaient être ses parents. Cette fille n'était autre que la fée qui était partie finir le rangement dans la salle de bain; déjà petite, Aerie était blonde comme les blés et arborait un sourire radieux. Son père et sa mère quant à eux avaient les traits tirés mais souriaient, leurs ailes iridescentes au soleil sublimant la photo.

Pendant qu'Andréas regarda la photo, Aerie ressassa ses questions.
Il lui avait d'abord demandé si elle vivait en solitaire. Avec un petit rire amer, elle lui avait répondu : "Et bien, étant donné que je suis la seule fée du coin... ça vient peut-être du fait que j'ai - ou plutôt l'autre (elle pointait son dos) - tué mes parents adoptifs.
Je me suis enfuie ici et les loups m'ont recueilli; je les porte vraiment dans mon cœur. En plus, pour une raison inconnue, Lotus noir ne les touche jamais et vice-versa.
Paradoxalement, ma meilleure amie est une fée, une des rares a m'avoir acceptée comme je suis, elle s'appelle Arwen Isildur, tu la connais?"
Et Andréas avait soudain blêmi.

Une fois la salle de bain rangée et Andréas recouché (il ne tenait toujours pas très longtemps debout et s'était assis plusieurs fois pendant le rangement) - Aerie tenta de masquer le trou dans la salle de bain avec une plante en pot - ils jouèrent tous les deux aux cartes, à un jeu appelé "poker" et franchement, bluffer n'était pas le fort d'Aerie qui perdit rapidement tout leur argent imaginaire. Andréas insistait pour faire ce qu'il appelait un strip-poker le lendemain, mais le nom n'augurait rien de bon à la fée qui se contenta d'esquiver avec un classique "on verra!".
Après avoir mangé le repas du soir (cette fois-ci préparé avec l'aide de l'humain Ô combien plus doué qu'elle), ils vaquèrent chacun à leurs occupations (Aerie feuilleta le carnet d'Andréas frénétiquement, puisqu'il était rempli d'infos sur Moonlight et le monde extérieur) tandis que celui-ci effectuait elle-ne-savait-quoi dans sans coin.
Après quelques étirements tout aussi peu habillés et sa nuisette enfilée, tout deux décidèrent qu'il était grand temps de se coucher. Elle se mit sur un côté du lit et répéta dans sa tête (en direction de Lotus) de ne pas blesser Andréas et de la laisser passer une nuit tranquille.

Malheureusement pour elle, on ne discute pas avec Poison Ivy.

Une journée...spéciale

Lotus avait décidé d'effectuer une approche différente cette fois-ci. Se tournant vers l'humain qui se crispa à sa vue, elle lui murmura :
"Oh, mais je veux juste discuter."
Devinant l'appréhension d'Andréas dans son regard, elle éclata de rire; elle aimait ça.
La psychopathe aux plantes voyait bien que l'humain était incapable de fuir et s'en délectait.
Oh que cette nuit allait être amusante.
Reprenant sa place favorite sur le torse d'Andréas - non sans se frotter sensuellement contre lui avant - elle contrôla les plantes autour d'elle pour ligoter l'humain aux chevilles et aux poignets.
Et sur ce, elle enleva sa nuisette et ses sous-vêtements.
"Suis-je désirable?"
Sans attendre la réponse de celui-ci, elle sortit du lit et alla ouvrir la fenêtre.
"C'est pendant ces nuits-là que j'aime tuer... une nuit fraîche, un ciel clair et un silence complet."
Je suis sûr que tu as tout un tas de question à me poser et par pure galanterie, je vais te laisser commencer.

Une fois les questions d'Andréas posées, Lotus répondit et enchaîna avec ses propres questions.
"Que sais-tu sur la barrière à l'extérieur du village? Les villageois ont ils progressé pour la détruire? Est-ce que ces mêmes villageois t'ont posé des questions sur Aerie ou moi?"
Une fois sa soif de connaissance étanchée, elle ferma la fenêtre et repartit en direction du lit.
Après avoir fait grimper un peu plus le désir de l'humain en se frottant à nouveau contre lui, elle ré-enfila les vêtements d'Aerie et avant de se retourner pour se coucher saisit brusquement le visage d'Andréas et hurla : "QUI SUIS-JE ANDREAS?"
La fée s'endormit alors instantanément en se tournant sur le côté.
Elle avait juste complètement oublié de détacher Andréas.

Quand la fée s'éveilla, elle était d'excellente humeur. Était-ce mauvais signe?
Elle croisa les doigts et se retourna vers l'humain, priant pour ne pas le retrouver troué comme une passoire; et non, c'était juste un Andréas ligoté et au regard las.
"Oh non!"
Aerie passa ses mains sur les plantes qui acceptèrent de lâcher prise.
"Je reviens!" dit-elle en courant vers le comptoir de la pharmacie.
Elle se pencha vers sa réserve et sortit un élixir dont le contenu mordoré semblait remuer tout seul. La fée remonta ensuite à toute allure les escaliers et se pencha vers Andréas en lui disant de boire le liquide. "Je voulais pas le sortir, puisqu'il accélère la régénération, mais - et je cite Dante - il te fera aussi voir l'esprit des gens et te donnera d'autres hallucinations diverses et variées pour quelques heures. Mais bon, puisque tu as raté une nuit entière de reconstitution, j'ai pas le choix.'"

La fée s'éloigna ensuite tandis qu'Andréas se dirigeait vers la fenêtre d'un pas presque assuré. Le surveillant du coin de l’œil, elle commença à préparer le repas.
Andréas quant à lui se contentait d'observer les gens en contre-bas tout en l'ignorant volontairement royalement, ce qui éveilla la curiosité d'Aerie : qu'avait-il vu en la voyant?
Une fois le repas englouti et les effets de l'élixir dissipé, elle décida de s'allonger pour un petit moment.

"C'est fatiguant pharmacienne."