Quelques jours s'étaient écoulés depuis la nuit du bûcher. Quelques jours donc que j'étais devenu incube, perdant tout ce qui faisait de moi un vampire. Quelques jours que je déambulai à travers la ville sans but, ressassant le passé, regrettant de ne plus être celui que j'étais. Un démon était entré en moi et nous nous retrouvions maintenant à partager la même enveloppe corporelle mais pour combien de temps ? Peut-être qu'Azraël allait finir par prendre entièrement possession de moi, qu'il allait trouver un moyen de me jeter de mon propre corps comme un déchet qu'on balance à la poubelle.

Les gens avaient peur de moi désormais, peur de ce que je, ou plutôt, de ce que mon incube pouvait leur faire. Je n'avais pas changé pourtant, j'étais toujours le même, si ce n'est que je n'étais plus vampire et que j'avais cette voix quotidienne qui me parlait dans ma tête, celle d'Azraël. Pourquoi avait-il fallu qu'il prenne possession de mon corps, n'aurait-il pas pu s'en trouver un autre ? Des corps, c'est pas ce qui manquait par ici ! Bon, après je peux le comprendre, comment résister à un tel corps ?

L'avantage à tout cela, c'est que maintenant, j'étais capable de sortir en plein jour sans risquer de brûler mais en échange de ça, j'avais perdu mon si précieux don de télépathie que j'aimai tant. Je l'avais troquer contre une autre panoplie de dons démoniaques. Niveau alimentaire, j'avoue que ça ne me changeait pas trop, je me nourrissais toujours de sang, mais également d'énergie. Énergie que je pouvais d'ailleurs utiliser pour faire une multitude de choses qu'Azraël m'avait enseignée. Pour le moment, je ne le voyais pas trop comme une menace, on semblait même bien s'entendre pour l'instant. Même si j'avoue qu'avoir un démon qui me parle quotidiennement peut-être assez déroutant.

Le jour était entrain de se coucher et ce soir, c'était la pleine lune. J'ignore si cette dernière allait avoir un quelconque effet sur moi étant donné que je n'étais plus vampire. J'avais d'ailleurs appelé Amara pour qu'elle passe chez moi, que l'on puisse passer cette nuit ensemble. Elle avait également été possédée et je me sentais plus proche d'elle depuis ce moment là. Un lien étrange nous unissait désormais, un lien que je ne comprenais pas.

Amara ne tarderait plus à arriver et nous avions la maison pour nous ce soir Mon père, ma sœur et mon oncle étant partis ailleurs pour la pleine lune de ce soir. Il aurait été plus sages qu'ils restent dans le manoir mais bon, que voulez-vous, je n'allai pas les empêcher de sortir. L'essentiel était que j'avais cette grande demeure pour moi tout seul et que je pouvais faire ce que je voulais ce soir. J'étais dans la cuisine, dégustant une poche de sang, au moins, ça n'avait pas changé de ce côté là, je pouvais toujours en consommer, heureusement d'ailleurs parce que le sang, c'est vraiment très bon !

Alors que j'entendais quelqu'un frapper à la porte, je délaissai mon repas pour aller ouvrir. Ce devait être Amara, je n'attendais qu'elle après tout. Elle était la seule avec qui j'avais envie de passer cette soirée car elle était la seule qui comprenait ce que je vivais en ce moment et pour cause, elle le vivait aussi ! Plus j’avançai et plus je sentais ma tête tourner, mes forces m'abandonner, un voile épais et noir masquant peu à peu ma vision alors que j'avais ouvert la porte entre temps. Je ne sais pas du tout ce qui était entrain de m'arriver mais j'avoue que je commençai à flipper un peu. Je sentais à chacun de mes mouvements que quelqu'un essayait de les contrôler. « Azraël, je vais te faire la peau j'te jure ! » Lançai-je à voix haute à l'incube alors que je perdais peu à peu le contrôle. « Bien sûr, suicides-toi dans ce cas, c'est le seul moyen. Mais on sait tout les deux que tu es incapable de faire une telle chose, tu t'aimes beaucoup trop pour ça. En attendant, fermes-là, j'ai à faire. » Je ne contrôlai plus rien, il avait eu le dessus et à en juger par la phrase d'Amara, elle ne se contrôlait plus non plus. J'espérai que ce n'était que temporaire, un des effets de cette foutue lune et que je retrouverai l'usage de mon corps très vite. Abriter un démon, je veux bien, ça passe. Mais que ce démon fasse comme chez lui à l'intérieur de mon corps, ça non.


« Coriace le petit. » Beaucoup plus coriace que je ne l'aurai pensé. Heureusement maintenant, c'est moi qui ait le contrôle et lui, il a juste à regarder et la fermer, ce qui devrait être dans ses cordes. Je me demande encore ce qui m'a pris de me loger dans ce corps-là et pas un autre un peu plus... mûr. Ruth avait merveilleusement bien choisie son corps par contre, cette humaine était magnifique, pas autant qu'elle mais ça se valait amplement, de plus, elle était la sœur jumelle de l'ex de mon hôte, amusant comme situation n'est-ce pas ? Surtout que c'était grâce à cette fameuse ex, Serena que j'avais pu refaire surface dans ce monde. Tout s'était merveilleusement bien goupillé je l'avoue. Me faire passer pour lui risquait d'être très divertissant et tout le monde n'y verrait que du feu, c'était certain. Je m'approchai d'elle, un sourire amusé affiché sur mes lèvres avant de poser une main sur sa hanche, l'autre sur sa joue tandis que je l'embrassai avec fougue. « Tu m'as manqué. » Je mis fin au baiser, gardant ma main sur sa hanche et restant très proche d'elle, la regardant intensément. Cette soirée promettait, de même que les deux prochaines. Quelle chance que la pleine lune dure trois jours, non ? Bien sûr, je devrai céder ma place à cet abruti de Velcan à l'aube mais je parviendrai bien à trouver un moyen d'avoir le contrôle permanent de ce bébé vampire. « La touche pas enfoiré ! » Tiens comme c'est mignon, le petit vampire s'énerve. Pathétique. Et surtout inutile, il ne pouvait rien faire pour m'en empêcher. Je devrai peut-être aller vider Serena de son énergie et de son sang, il serait forcé de regarder sans pouvoir lever ne serait-ce que le petit doigt.

Nous allions faire couler le sang, beaucoup de sang et la nuit promettait d'être très longue. Les habitants de cette ville allaient bientôt savoir ce qu'un couple de démons est capable de faire comme dégâts. « Tu préfères entrer ou aller t'amuser un peu en ville ? » Lui demandai-je, en demi-sourire, bien qu'il était possible de faire les deux. Nous avions douze heures devant nous après tout, c'était amplement suffisant pour faire ces deux choses-là.

Velcan se montrait particulièrement tenace, même avec cette pleine lune. Je sentais son esprit tenter de reprendre le dessus sur son corps, sur ses mouvements mais en vain. « Trouves-toi quelqu'un d'autre à contrôler ! » M'avait-il balancé tandis que je souriais. Comme si j'avais le choix, maintenant que j'étais dans ce corps, c'était définitif. Je ne pouvais pas jongler de corps en corps comme je le souhaitai sinon, il y a bien longtemps que j'aurai quitté cet hôte. Qu'est-ce qui m'avait pris de posséder un gamin j'vous jure. Il fallait que j'apprenne à réfléchir un peu mieux avant d'agir, mais dans le feu de l'action, je m'étais précipité vers la première personne potable que j'avais trouvé. Et puis je n'aurai pas pu trouver un corps en meilleur santé que celui d'un vampire donc au final, j'avais quand même été gagnant sur certains points. « Plutôt que de vouloir récupérer ton corps, penses à tout ce que ma présence peut t'offrir, à commencer par le pouvoir. » Car oui, je savais très bien qu'il aimait se sentir fort et je lui permettais de l'être. Tout ce que je demandais en retour, c'était qu'il me foute la paix et qu'il me laisse profiter de ma soirée. Ce n'était pas grand chose, une soirée contre une quantité impressionnante de pouvoirs.

Ruth rétorqua en me plaquant contre le mur que je lui avais manqué également et que je n'avais pas intérêt à la décevoir. J'approchai mes lèvres de son oreille, en profitant pour sentir son parfum. Bon c'était celui de son hôte mais peu importe, elle sentait merveilleusement bon et c'est tout ce qui importait. « Ce n'est pas le genre de la maison. » Lui murmurai-je à l'oreille d'un ton aguicheur, la voix suave tandis que cette dernière collait son corps au mien, préférant s'amuser un peu ici avant de le faire en ville. Programme des plus parfait. Tant que nous étions tout les deux, je savais que l'on s'amuserait bien, peu importe l'endroit où nous nous trouvions. En effet, nous avions toute la soirée ainsi que celles des deux prochain jours pour nous amuser convenablement. Et puis entre temps, peut-être que nous trouverions un moyen pour nous manifester, même en dehors de la pleine lune. Nos hôtes pouvaient décidé de nous laisser la place s'ils le souhaitaient mais ça, c'était une toute autre histoire car je n'étais pas certains qu'ils acceptent ça.

« J'aime ce programme ! »Lui dis-je avant d'inverser les rôles, la plaquant contre le mur pour aller goûter une nouvelle fois à ses lèvres sans aucune délicatesse. Nous étions des démons après tout, vous vous attendiez à quoi ? A de la tendresse, des mots de doux etc ? Non, avec une pointe de violence, c'était beaucoup mieux. Alors que mes lèvres quittaient sa bouche pour aller se poser sur son cou, j'en profitai pour y déposer des coups de langue, ma main se positionnant derrière sa tête tandis que l'autre se baladait sur son corps, l'effleurant du bout des doigts. Je plongeai mon regard dans le sien, la regardant avec envie, avec désir. Il était temps de passer aux choses sérieuses. J'étais resté trop longtemps enfermé dans cette urne, j'avais tant de pulsions à faire sortir, à exprimer. Je sentais que mon hôte en avait également très envie. Parfait, j'allai pouvoir satisfaire tout le monde.

Passant mes mains sur ses cuisses je soulevai mon amante sans aucune difficultés avant de l'emmener à toute vitesse sur la table de la salle à manger à l'intérieur. Heureusement que mon hôte avait viré sa famille pour la nuit. Son corps étendu sur le meuble, je me mis sur elle, entre ses cuisses alors que mes lèvres s'aventuraient sur sa poitrine si parfaite après que j'ai pris soin de déchirer son haut. J'enlevai alors mon t-shirt et collait mon corps brûlant d'impatience sur le sien, l'embrassant de nouveau.

Tout le désir, toute l'excitation que je n'avais pas pu satisfaire pendant des siècles allait désormais pouvoir être libéré dans une nuit qui promettait d'être des plus intenses. Certes, ni elle ni moi n'avions notre véritable corps mais peu importe, la sensation était la même et le désir que j’éprouvai à son égard ne cessait d'augmenter de minutes en minutes. Alors que nous échangions un baiser, Ruth prit le dessus et inversa les rôles, se retrouvant au dessus de moi, je la connaissais parfaitement et savais à quel point elle préférait dominer, ce qui ne me dérangeait pas du tout, bien au contraire. Allongé sur la table alors que mes mains caressaient sa poitrine désormais dévoilée je me mordais la lèvre, brûlant d'impatience et de désir alors que mes yeux venaient de prendre leur couleur rouge sang. « J'attends ce moment depuis tellement longtemps. » Lâchai-je d'une voix rauque qui montrait parfaitement mon état émotionnel.

Ruth planta ses crocs dans mon cou tandis que je retenais un cri, j'étais loin de détester ça mais ça faisait quand même un peu mal. Je la laissai se nourrir de moi, ou plutôt de mon hôte alors que ma main caressait ses cheveux, retenant sa tête contre ma blessure pour qu'elle s'en délecte un peu plus. Lorsqu'elle eut finis, ses lèvres parcoururent mon corps qui tremblait d'impatience. Lorsqu'elle déchira mon pantalon, je sentis une nouvelle vague de plaisir que me donna la chaire de poule et avec une rapidité et une force surnaturelle, je vins la plaquer violemment contre le sol, l'une de mes mains la serrant au cou tandis que je laissai balader mes doigts sur ses parties intimes, l'embrassant de plus bel, mon corps bouillonnant comme jamais. Il faut avouer qu'après des siècles d'abstinence, c'est très difficile de se contenir, surtout devant ce corps parfait.

Je laissai mes lèvres se balader sur les siennes, parcourant ensuite sa gorge, sa poitrine, m'attardant sur son ventre, déposant des baisers dessus et la mordillant légèrement par endroit. Ma main avait relâché sa pression sur son cou pour venir lui enlever son bas avec un sourire pervers. Je déposai des coups de langue très lentement sur son bas ventre, descendant de plus en plus jusqu'à atteindre son intimité. J'entendais la voix de mon hôte me demander de ne pas faire ça, qu'il ne voulait pas assister à nos ébats. Tant pis pour toi mon pote, va falloir t'y faire, c'est comme ça et pas autrement. Je n'avais aucun ordre à recevoir de lui. Après quelques minutes passés à caresser son intimité avec ma langue, je remontai pour l'embrasser, intervertissant nos places encore une fois pour qu'elle ait le dessus sur moi.