Quelle journée de merde. Je suis là devant la fenêtre de mon bureau avec ma tasse de café, à regarder la pluie tomber. J'attends que l'ange se décide à pointer le bout de son nez. Je dois avouer que je ne suis pas vraiment ravie de devrai la recevoir, mais je n'ai pas vraiment le choix. Elle se promène dans la ville et joue les cow-boys à chasser les démons en foutant le bordel un peu partout. De toute façon depuis l'incident avec Lilith, c'est vraiment la merde par ici. En plus de devoir m'occuper des problèmes habituels voilà qu'il faut que maintenant je fasse gaffes aux démons qui sèment le chaos à tout bout de champs. Comme si j'avais déjà pas assez de boulot. Sans compter que les anges sont alors venus en renfort, seul soucis ils agissent en électrons libres et au lieu de ramener un semblant de calme, c'est pire que mieux. C'est pourquoi Elsa, celle que j'attends depuis bientôt une demi-heure, m'a proposé de bosser avec moi, soi disant qu'on serait plus efficace. Tu parle d'une idée à la con. Je dois avouer que je n'aime pas vraiment les anges, je les trouve un peu arrogant et imbus d'eux-mêmes. Ils sont fermés dans leur trip "Nous sommes la parole divine, le bras vengeur de Dieu, blablabla…" Des abrutis de fanatique de merde ouais. Aigris moi ? À peine. C'est juste que j'en ai marre. Il fait un temps de merde, je suis crevé, j'ai du boulot par dessus la tête et mon café EST FROID PUTAIN. Journée de merde. Sérieux. Je pose la tasse d'un geste contrarié sur mon bureau, renversant au passage quelque gouttes sur mon pull. MERDE. Je pousse un soupir exaspéré, c'est vraiment pas mon jour. Je me bat alors avec mon pull, tentant de l'enlever. Rah putain, TRICOT DE MERDE. Finalement je réussi à le retirer, je le jette d'un geste rageur à travers la pièce. C'est ça au coin et ne reviens pas !

J'ai envie de me taper la tête contre les murs. Il n'est même pas 8h et j'ai déjà envie d'aller me recoucher. Je sais pas si je vais survivre à cette journée. J'aperçois alors dans la rue une silhouette familière… Tiens je crois que l'ange à enfin décidé de se pointer, c'est pas trop tôt. Le temps qu'elle arrive je me ressert une autre tasse de café. Pensant qu'il serait à la bonne température, je trempe les lèvres dedans, sauf que le café est bouillant. Putain c'est pas vrai, c'est une blague ?! Je me brûle la langue, café à la con. J'essaye de poser la tasse sur le bord de mon bureau mais au lieu de cela cette dernière vient se briser au sol. Je lève les yeux au ciel. J'ai envie de mourir. Mais qu'est-ce que j'ai fais au ciel pour mériter ça ? J'éponge rapidement le café au sol et ramasses les restes de ma tasse. Et vous voulez connaître la meilleur ? Je vous le donne dans le mille : oui je me coupe avec un des éclats. …J'en ai marre. Journée de merde. Alors que je finis de nettoyer les dégâts j'entends des pas se rapprocher de mon bureau. Génial voilà que l'emplumée de merde fait son entrée. Il n'est même pas 8h et je sens que la journée va être longue… Terriblement longue.

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En plus de venir m'emmerder si tôt le matin, voilà qu'en plus elle lit dans mes pensées. Fantastique, comme si la journée n'était pas déjà assez merdique comme ça, voilà que maintenant je vais devoir faire gaffe à ce que je pense. Elle pousse les dossiers sur mon bureau et s'assoit dessus, comme si c'était normal. Vas-y fait comme chez toi je t'en prie, tu veux pas aussi que je te serve le café au passage ? Je m'adosse contre la fenêtre et regarde l'ange qui se tient devant moi. Grande, élancée, trop sûr d'elle-même, bref j'ai comme l'impression qu'on ne vas pas s'entendre. Je la sens pas, j'arrive pas à l'expliquer plus que ça, c'est juste que… je le sens pas. Elle m'énerve. Mais bon c'est peut-être parce que je suis de mauvaise humeur, si ça ce trouve dans d'autres circonstances je la trouverais presque sympathique. Presque. Je pousse un soupir exaspéré avant de la lui dire d'un ton sec :

" Votre boulot c'est de faire régner la justice ? Ça va les chevilles ? Et puis c'est vrai que moi, mon boulot c'est d'élever des chiots…"

Oui je suis de mauvais de poil, oui je suis désagréable. Mais c'est pas mon jour. Alors faut bien que je passe mes nerfs sur quelqu'un et pour le moment je n'ai qu'elle sous la main. Je déteste le fait qu'elle puisse savoir lire dans mes pensées, va donc falloir que je fasse gaffe, faudrait pas qu'elle tombe sur des trucs compromettants… Manquerait plus qu'elle est un moyen de pression sur moi, pas question que je devienne son chien. Quitte à bosser ensemble, je préfère qu'on soit égal à égal. Si elle essaye de s'imposer comme le chef, je la descends sur le champs. Bon peut-être pas…. Mais c'est pas l'envie qui m'en manque. Je chasse cette idée de ma tête, revenons en à nos affaires. Je croise les bras avant de reprendre, toujours aussi sèchement :

"Qu'on bosse ensemble ? Pourquoi pas, mais je ne compte pas devenir votre larbin alors je vais être clair : si vous voulez un partenariat va falloir qu'on bosse d'égal à égal, donc va falloir arrêter de fouiller dans ma tête. Et si cela ne vous plaît pas, vous pouvez prendre la porte immédiatement."

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Je lève les yeux au ciel. En d'autres circonstance j'aurais pu rire mais pas aujourd'hui, je ne suis vraiment pas d'humeur. Son speech sur sa mission sacrée et la perte de ses amis lors de la bataille avec Lilith me donne presque envie me jeter par la fenêtre. C'est moi ou elle essaye de me culpabiliser ? En plus je n'aime pas trop le ton autoritaire et un peu hautain qu'elle ose employer pour me dire ça. C'est pour ça que je les ai un peu dans les nez les anges, je ne supporte pas ce discours de nous sommées venus vous sauver alors nous vous sommes supérieur… Et en plus ils osent jouer la carte de la culpabilité en nous mettant sous le nez leurs pertes. Je déteste ce genre de comportement. C'est comme si ils nous disaient, c'est de votre faute tout ça. Bah bien sûr… Bon au moins elle a la décence de me proposer un partenariat pour la chasse aux démons. C'est vrai que je préférais bosser avec eux plutôt que de les savoir entrain de faire n'importe quoi… Quitte à les avoir sur le dos autant pouvoir au passage contrôler un minimum ce qu'ils font… J'envisage sérieusement d'accepter son offre, seulement j'ai l'impression de m'apprêter à signer un pacte avec le diable…. Ironie quand tu nous tiens.

" Chasser en duo ? L'idée ne me déplaît pas… C'est vrai que je commence à avoir du mal à gérer autant de succubes…"

Je passe rapidement ma langue sur mes lèvres, le temps de réfléchir à ce que je vais dire ensuite. Son aide ne serait pas de trop, vraiment, seulement j'ai un peu envie de savoir dans quoi je vais m'engager, j'ai pas envie d'avoir de mauvaises surprises. Techniquement les anges ne sont pas des créatures maléfiques mais je reste méfiant. Vaut mieux y aller avec méfiance et respect. Je pousse un soupir discret avant de reprendre :

"Seulement je veux être sûr de ce dans quoi je m'engage. Le but c'est de se débarrasser des succubes mais je ne veux pas que le moindre mal soit fait aux habitants, qu'ils soient humains ou monstres. C'est clair ? Je ne veux pas verser plus de sang inutilement."

Je dois avouer que je ne m'y connais pas trop en ce qui concerne la façon de tuer les démons, en fait je n'y connais rien du tout. J'espère juste que nous ne sommes pas obligés de tuer l'hôte pour se débarrasser du démon. Sinon je sens que ça va être un peu compliqué à gérer. J'ai moyennement envie de devoir tuer la moitié des habitants du village, même si c'est pour me débarrasser des démons. L'idée de devoir sacrifier autant de monde me répugne un peu. J'appréhende quelque peu sa réponse, je passe mes doigts sur mon insigne accroché à ma ceinture, tandis que j'ajoute :

"Mais sinon je ne peux qu'accepter cette proposition. Tant que vous m'expliquez de quel façon on se débarrasse d'eux, et que vous êtes réglo' avec moi, je ne vois pas de raison de ne pas accepter."

Méfiance et respect mon jeune ami. Même si j'accepte de bosser avec elle, je continue de garder un oeil sur elle. Et au moindre problème je n'hésiterais pas à l'arrêter.

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Ne pas m'inquiéter ? C'est un peu tard pour me dire ça, je passe quand même plus de la moitié de mon temps à m'inquiéter pour tout le monde, alors c'est pas aujourd'hui que ça va changer. Mais bon elle m'assure qu'elle ne va pas faire de mal aux humains, de toute façon si elle le fait elle perds tout pouvoir. Donc bon sur ce coup là, je suis plutôt serein. Nous concluons notre partenariat par une poignée de main rapide. Elle se dirige alors vers le centre de la pièce, dans le but de m'expliquer de quelle façon on se débarrasse d'une succube. Elle donne alors un grand coup d'épée dans le vide. Wow on va se calmer, se serais dommage de blesser quelqu'un. M'ouais je dois avouer que ce n'est pas super propre comme méthode et puis à ce compte là, la décapitation ça marche sur n'importe qu'elle créature. Pas de quoi en faire un foin. Elle ajoute que ce n'est pas applicable sur les succubes plutôt puissante… Ouais donc fondamentalement, c'est pas vraiment utile quoi. Je commence sincèrement à douter de l'efficacité de la demoiselle. D'un coup elle s'agenouille devant moi et commence à réciter un espèce de serment. Un flash lumineux apparaît alors, m'éblouissant… Merde parfois je déteste avoir une très bonne vue. Elle m'explique alors les termes du contrat. Faire ce que je veux ? Merde c'est plutôt tentant mais je tiens à ma tête. Et puis qu'elle avantage j'aurais à me servir d'elle ? Aucun. Je la regarde tout de même surpris. Elle me propose alors une sortie nocturne, pour changer les idées selon elle… Hum pourquoi pas, de toute façon si on doit partir à la chasse aux démons je serais plus efficace de nuit. Je fais mine de réfléchir avant de lui dire :

" Je ne dis pas non, je vous propose qu'on se retrouve à 18h non loin de la forêt. Soyez pas en retard sur ce coup là."


J'arrive un peu en avance à notre rendez-vous, je préfère toujours être un peu en avance plutôt qu'être en retard. C'est toujours mieux et puis attendre un peu tout seul, ça ne me fait pas de mal, au moins je peux profiter du calme qui règne par ici. La fin de journée est plutôt douce, je profite du calme ambiant. C'est quand même reposant, j'ai passé une journée assez stressant et je pense que la nuit ne vas pas être non plus de tout repos alors cette interlude est fort agréable. J'entends alors des bruits de pas dans l'herbe, pas le peine de regarder pour savoir qu'il s'agit d'Elsa qui arrive. Sans ouvrir les yeux je lui dit :

"Pile à l'heure. C'est un progrès dis-donc."

Je rouvre doucement les yeux, l'ange se tient devant moi, les mains sur les hanches. J'inspire profondément, me laissant envahir par l'odeur de la terre humide, du bois et celle de l'ange. Je ne sais pas pourquoi mais d'un coup je me sens mieux. Comme si l'idée d'une chasse me rendait subitement heureux. Étrange.


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Merde comment j'ai pu oublier un truc comme ça ?! Comment ?! Putain je tremble. C'est pas vrai, dite moi que c'est pas vrai. Pas ce soir. Pas maintenant. Merde…. Pas besoin de lever les yeux au ciel pour savoir qu'elle était là. Pleine lune. J'aurais du y penser. J'aurais du m'en souvenir. D'habitude je fais attention, comptant les jours avant la prochaine, mais je dois avouer que ce mois-ci j'ai été plutôt occupé et mon esprit à un peu mis de côté ce détail. J'avais d'autres chats à fouetter. Si j'avais su je n'aurais jamais accepté ce rendez-vous. Voilà que j'étais sur le point de changer et je me trouvais en plein milieu de nul part avec un ange à mes côtés. Génial. Je commence à trembler, chacun de mes os me faisant un mal de chien. J'ai d'un coup l'impression d'avoir de la fièvre. J'ai du mal à respirer, mon coeur semble prêt à exploser. Je passe fébrilement mes mains sur mon visage. Ça va pas le faire.

"Dégage."

Je gronde ce mot. Il faut qu'elle parte. Je n'ai pas envie de lui faire de mal. Et je me connais, au réveil je suis toujours de mauvais poil. Le loup va vouloir se nourrir et il va jeter son dévolu sur la première personne qu'il va voir, et j'ai moyennement envie que ce soit elle. Elle fait un pas en arrière, puis deux. Gentille fille, peut-être que tu vas survivre à cette nuit finalement. Prends tes ailes et casse-toi. Maintenant. Je sens mes crocs percer mes gencives, emplissant ma bouche de sang. Une douleur sourde secoue alors mon corps et je tombe à genoux, la tête entre les mains. Je n'entends presque plus rien, seule la douleur est importante, il n'y a plus qu'elle. Juste elle et moi. J'entends mes os se briser. Je hurle. Chaque fibre de mon être me fait souffrir à en crever, je sens ma peau se déchirer et le sang imbiber mes vêtements. Mon corps entier entre ne rébellion, se reformant à sa guise. J'ai si mal à la tête que j'aimerais que quelqu'un me tue sur le champs plutôt que de rester une minute de plus dans cette situation. Alors que je pensais être sur le point de mourir, je bascule dans l'inconscient. Avant il y avait la douleur, la raison et la peur. Puis plus rien. Le noir complet. Tombé de rideau.

J'entends un coeur battre en plus du mien, je sens l'odeur de la terre, du sang, mon sang, et celle de quelqu'un que je connais. Je sens la brise nocturne courir le long de ma fourrure. Je commence par remuer mes pattes, enfonçant mes griffes dans la terre humide. J'ouvre alors un oeil puis l'autre. Je remue les deux oreilles. Ok tout semble être bon. Je pousse un profond soupir avant de me relever. L'esprit encore embrumé par le changement je ne remarque pas tout de suite la jeune femme qui se tient à quelques pas de moi. Son visage et son odeur me disent quelque chose mais son nom m'échappe. Je sens seulement que sous son air de femme fragile se cache quelqu'un de puissant. Et elle n'essaye même pas de le cacher. Je grogne en la regardant. Elle ne bouge pas, elle dit quelque chose que je ne comprends pas. Je me redresse, lui imposant ma stature de deux mètres de haut. Je fais claquer mes dents de façon menaçante. Ami ou ennemi ? De nouveau elle me dit quelque chose, mais je ne comprends toujours pas. Je lui montre les crocs en grondant. Toujours aucune réaction de sa part. Elle deviens alors plus menaçante. Ennemi donc. Je pousse un hurlement, pour connaître la position des autres. Après quelques instants je les entends au loin. Je suis donc seul contre l'ange. Je reporte alors mon attention sur elle. Elle semble prête à se battre. Très bien. Sans attendre je lui bondis dessus, griffes et crocs en avant. D'un bond en arrière elle m'évite. Elle tente de m'échapper en sortant ses ailes. Par une extension de la patte j'arrive à en atteindre une, je la saisit et faire redescendre le petit moineau. Surprise elle me met un coup en pleine mâchoire, j'encaisse le choc sans la lâcher. Je réplique en tentant de la mordre mais d'un coup de genoux dans les côtes elle parvient à me faire lâcher prise. Nous retombons tout les deux sur le sol. Je fais un rapide bilan du premier choc : j'ai une côte fêlée qui commence déjà à se ressouder et elle a une aile froissée. Match nul. Sans attendre ma régénération complète je lui saute de nouveau dessus, j'attrape sa jambe gauche entre mes griffes et lacère sa chair sur tout la longueur de sa cuisse. Elle hurle, elle m'assène un coup dans l'épaule droite, brisant l'articulation net. Je hurle. Je relève alors la tête et la tente de lui arracher la gorge, seulement je n'arrive qu'à attendre son bras. Mes crocs s'enfoncent sans soucis dans sa chair, son sang emplit alors ma gueule. J'en apprécie le goût. Je continue de serrer son bras entre ma mâchoire, jusqu'à entendre l'os de son bras se briser. C'est alors que je sens une vive douleur dans mes côtes. Sous la douleur fulgurant je lâche tout, m'éloignant. Elle vient de me planter son épée entre les côtes. J'ai subitement du mal à respirer. Je dois avoir un poumon de perforer. Je grogne. Pourtant je ne suis pas dans un si mauvais état par rapport à elle. Je la regarde. Elle est foutue. Le prochain choc lui seras fatal. J'ai gagné. Poussant un hurlement victorieux je me jette sur l'ange, elle reste immobile se préparant à encaisser le choc. Messieurs, le dîner est servi.



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Des images se bousculent dans ma tête. Incohérentes, confuses, sanglantes. Sur ma langue le goût du sang. Pas le mien. J'ai des courbatures dans tout le corps. Et j'ai froid. Je frisonne et remonte le draps sur mes épaules. J'ai mal à la tête, une de mes épaules me lance à chaque mouvement que je fais. Sans compter que j'ai du mal à respirer. Je sens quelque chose de chaud sur mon visage. Un souffle, puis un coup de langue. Je fronce les sourcilles, reprenant doucement conscience. J'ouvre un oeil puis l'autre. Je tombe sur Wilson qui se tient assis devant moi, la langue pendante. "Debout." Oui, oui j'essaye. Voyant que je ne bouge pas, il me donne un léger coup de patte sur la joue. Il laisse alors une traînée de sang sur ma peau. Pris de panique je me redresse subitement et regarde avec plus d'attention mon chien. Ses pattes sont couvertes de sang. Je l'attire à moi et saisit une de ses pattes dans ma main. Je constate alors rapidement que ce sang n'est pas le sien. Non il appartient quelqu'un que je connais. Elle est ici. C'est donc chez moi qu'elle est allée se réfugier une fois qu'elle m'est échappé de peu. Je vois alors les traces de sang laissé par Wilson sur le plancher. J'enroule le draps autour de mon corps et suis la piste ensanglanté. Je la trouve alors dans mon salon et dans un état des plus lamentables. La vache elle a eu du mal à s'en remettre, personnellement je suis en entier mais elle… La vache je n'y suis pas allé de main morte hier. Je m'accroupis vers elle, n'osant pas la toucher je lui demande :

"Elsa ? Tu m'entends ? Dis moi que t'es encore en vie…"

Je lui demande pas la lune, loin de là. Je veux juste savoir si elle est encore des nôtres. Inquiet je la secoue doucement, grosse erreur. Au moment même où je pose ma main sur son bras, la faim se réveil. Elle est là, à mes pieds, presque morte. Il ne m'en faudra pas beaucoup plus pour l'achever. Je déglutis avec difficulté et m'éloigne d'elle. Putain c'est pas bien. Le loup insiste, me disant que c'est ce qu'il faut faire. Non, non. C'est ce qu'un monstre ferait. Et je n'en suis pas un. Wilson pousse alors un gémissement apeuré. Lui aussi sens la bête en moi prendre le dessus. Je le regarde :

"Chut… Ça va aller, je ne vais rien lui faire."

Du moins je vais essayer. Je me relève et attrape rapidement un T-shirt et un pantalon que j'enfile en toute hâte. Seulement je ne peux pas la laisser dans cet état chez moi, ce n'est pas vivable. Et je ne veux pas que l'odeur de son sang imprègne mon foyer. J'attrape alors mon portable et appelle une ambulance. Je me mords la lèvre inférieure, j'espère qu'il n'est pas trop tard.

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Je me trouve enfermé à double tour chez moi, recroquevillé dans un coin de ma chambre, tandis que Wilson me regarde, roulé en boule dans le coin opposé. Lui comme moi savons ce qu'il va se passer. Je regarde avec angoisse la nuit tomber. La lune n'est pas encore là et pourtant je me sens déjà fiévreux. Je ressens l'excitation de la chasse à venir, et je sais exactement où je veux aller. À l'hôpital. Parce qu'elle y est. Non, non. Ce soir je ne sors pas des bois, comme d'habitude. Je me prends la tête entre les mains, j'ai passé mon après-midi à désinfecter mon appartement à la javelle, dans l'espoir de me débarrasser de son odeur. Mais même si la puanteur de la javelle régnait chez moi, je craignais que le loup ne décide tout de même d'aller finir le boulot. Et je ne pouvais décemment pas débarquer sous ma forme de loup dans un hôpital remplis de malades. Ça m'était arrivé une fois, et croyez moi je ne veux pas que ça recommence. Un frisson me parcours alors l'échine. Wilson pousse un couinement. Ça commence. Je pourrais résister, me battre, tenter de ralentir le changement, mais à part me faire perdre du temps et surtout me faire souffrir pour rien, autant laisser le loup prendre le contrôle. Je me laisse aller, sombrant dans l'inconscience.

J'ouvre à peine les yeux, que son odeur me revient. Au travers de la javel, je la perçois encore. Comme si elle était encore là. Wilson pousse des glapissements de terreur. Je le regarde, lui ordonnant de se calmer. L'air frais vient glisser sur ma fourrure. Les bois attendront pour ce soir, cette nuit, j'ai une visite à effectuer. Je sors par la baie vitrée, m'étirant au passage, je m'ébroue avant de me lancer vers l'hôpital. En moins de dix minutes je parviens à destination. J'entre au milieu des hurlements des infirmières, au travers de l'odeur du désinfectant je finis par retrouver sa trace. Je m'élance, ignorant totalement le reste des individus qui se trouvent ici. Je la trouve alors seul dans un couloir. Je laisse échapper un long hurlement victorieux. Je te tiens. Cette fois tu ne m'échapperas pas. Elle se retourne et là je capte ses pensées. Je claque des mâchoires, alors comme ça tu pense pouvoir me rendre la pareille ? Dans tes rêves. Elle fait alors, à mon plus grand regret le vide dans sa tête. Dommage… Avant que je ne puisse esquisser le moindre mouvement, elle se remet à courir, tentant de me semer dans le dédale de couloir qui compose l'hôpital. Dommage ma grande mais je suis les battements de ton coeur, tu n'as aucune chance de m'échapper, tu es à moi. Elle décide alors de se barricader au réfectoire. Te voilà piégée. D'un coup d'épaule je défonce la porte. La jeune femme se tient au milieu de la pièce, totalement paniqué. Je dévoile mes crocs de façon menaçante. Je m'approche d'elle, lui imposant ma stature. Une fois à porté je lui décoche un revers de la patte, qui la met à terre et la fait glisser sur un bon mètre ou deux. Je fais claquer ma mâchoire. Je me prépare à bondir. Je me jette sur elle, mais au dernier moment elle me décoche un coup de pieds dans la truffe, je laisse échapper un cri de douleur, et me détourne d'elle. Du sang commence à couler. Je renifle. Bien joué, maintenant mon odorat est HS. Tout ce que je sens désormais c'est l'odeur de mon propre sang. Elle recommence à courir, tentant de s'échapper une fois de plus. Pas si vite, je me lance à sa poursuite, d'une extension je tente de la rattraper, mais au dernier moment elle me claque alors la double porte au nez. Je heurte brutalement celle-ci. Mes griffes s'enfoncent dans le bois tendre de la porte. Je pousse un grondement frustré. Cous, ma belle, cours. Ce n'est que partie remise. Je finirais forcément par t'attraper, un jour ou l'autre.


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Je déteste ne pas pouvoir me reposer sur mon odorat. Non pas que je suis perdu sans, mais ça reste tout de même bien plus simple. Mais bon, il va falloir que je me repose sur le reste des mes sens pour lui mettre la patte dessus. Ce qui n'est pas bien compliqué, comme nous sommes tout les deux dans un hôpital vide, je n'entends qu'elle. Son coeur, sa respiration, le bruit de sa course. Je la suis de près. Tu ne t'en tiras pas. Je suis juste là, derrière toi. Au détour d'un couloir je la trouve alors accroupis par terre. Sans attendre je lui bondis dessus, je pensais l'attraper mais d'une extension des jambes elle me repousse d'un coup dans les côtes. J'étouffe un grondement de contrariété, elle m'agace à force. Au début je trouvais ça amusant qu'une proie se débatte un peu, mais là je commence à en avoir marre. Compte pas sur moi pour me faire avoir deux fois. Je feins un autre bond, la faisant ainsi reculer d'un pas. Parfait, je lui fonce alors dessus. Sous l'impact du choc, nous passons tout les deux au travers de la fenêtre. D'immenses éclats de verres volent autour de nous, lacérant nos corps. Mais ce n'est pas grave, je la tiens. Enfin, presque. Elle déploie ses ailes et parvient tant bien que mal à planer deux étages plus bas. Pour ma part je pousse un grondement en la voyant m'échapper. Je tente de la rattraper d'une extension mais mes griffes ne se referment que sur du vide. Je rencontre alors brutalement le sol. Il me faut bien une minute ou deux pour me remettre du choc, qui a été plutôt rude. Je finis par me relever, non sans un ou deux grognement de douleur. Je reprends ma course, je dois avouer que je m'oriente un peu au hasard, suivant ce que me dit mon instinct. J'entends alors une porte se faire défoncer un étage plus haut, juste au-dessus de moi. Je te tiens. Comme quoi mon instinct ne me trompe jamais. Je cours à travers les différents couloir, comblant rapidement la distance qui nous sépare. Je finis par la trouver, seule dans une pièce. À moi, toute à moi. Ma proie. L'ivresse de la victoire me saisit, je pousse un hurlement triomphant avant de lui sauter dessus. Seulement je ne m'attendais pas à ça. Je sens la morsure de l'acier, d'abord dans mon épaule et l'autre dans la cuisse. Elle les envois avec tant de force que je me retrouve planté contre le mur. Je tente de me défaire de cette emprise, tirant sur les katanas, et c'est alors que je réalise. Les lames semblent chauffées à blanc, je me rends compte que je n'arrive pas à cicatriser. J'ai l'impression que du plomb fondu coule dans mes veines. De l'argent. Je pousse un gémissement de douleur, tandis que je griffe le mur. Je veux partir, qu'on me retire ça. A l'aide. Enlève moi ça, par pitié. J'entends alors la jeune femme me dire qu'elle va me laisser ainsi jusqu'au lever du jour. Non, non tu ne peux pas me laisser ainsi. Je continue de gémir sous la morsure insupportable de l'argent. J'ai beau la supplier du regarde, elle se contente de s'assoir sur le bureau et de croiser les bras. Je sens que la nuit va être longue… Très longue. L'argent répands son poison dans mon corps m'affaiblissant de minutes en minutes. Lentement je glisse dans l'inconscience, j'ai peur. Peur de ne pas survivre au changement et de jamais me réveiller.

C'est la douleur du changement qui me fait reprendre conscience. M'arrachant brutalement aux affres de l'inconscience. Je sens toujours l'argent anesthésier mes nerfs et engourdir mon corps. C'est horriblement douloureux. Bien plus que d'habitude. Je hurle à m'en déchirer les cordes vocales, tandis que je sens mon corps entier brûler sous la morsure du métal. Mon coeur semble être sur le point d'exploser. J'ai l'impression de mourir au moment même où le changement prends enfin fin. Je reste immobile toujours empalé contre le mur, le souffle court. Plus jamais. Le sang coule toujours abondamment de mon nez… Merde ma régénération ne s'effectue pas…. Saloperie d'argent. J'essaye de parler, mais tout s'étrangle dans la gorge. Je crache alors du sang. Putain, c'est pas bon ça. Mais alors pas bon du tout. Faut qu'elle me libère et vite, sinon je vais finir par y passer. Difficilement je réussis tout de même à relever la tête et à planter mon regard dans le sien. J'articule d'une voix rauque :

"Retirez-moi ça…. Par pitié."

Je peux aisément comprendre qu'elle ne le souhaite pas, vu que ça fait tout de même deux fois que j'essaye de lui faire la peau, mais j'ai vraiment tout fait pour contrôler le loup. Je ne lui voulais pas de mal, je le jure. J'ai honte de mon comportement, mais parfois le monstre est plus fort que mon éthique personnel. Et c'est bien ça le problème.


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D'un geste sec elle arrache les deux katanas de me chair, je suis trop épuisé pour gémir de douleur. Je tombe lourdement sur le sol crachant au passage un peu plus de sang. Merde. Je me sens si faible. Je ne sais pas si mon organisme va réussir à éliminer tout ça. Sans compter que je perds un peu trop de sang à la minute, même pour un loup-garou. Je sens alors sa main se poser sur mon épaule. Je l'entends s'excuser pour l'argent. J'ai envie de lui dire qu'il n'y pas de mal, son geste était parfaitement compréhensible, j'ai quand même essayé de la tuer et se deux fois de suite. Elle attrape alors mon visage entre ses mains tandis que je sens quelque chose m'envelopper. Toutes mes blessures disparaissent au fur et à mesure, comme si je régénérais normalement. Sauf que ça ne vient pas de moi. Non, c'est elle qui fait ça. Je reprends doucement vie au fur et à mesure que je sens l'argent quitter mes veines. Alors que je vais beaucoup mieux, Elsa s'écroule sur moi. D'une voix faible elle réclame du soleil. Je me relève du mieux que je peux, un peu chancelant dû au léger vertige qui me saisit. Ouais je ne vais pas si bien que ça. Je m'approche des vitres et ouvre en grand les rideaux laissant le soleil inonder la pièce. Je retourne vers elle et la prends dans mes bras. Je l'assieds sur une chaise avant de la placer face à la fenêtre. J'espère que ça va suffit, parce que sinon je ne vois pas quoi faire de plus. Je la regarde quelques instants, inquiet. Je ne sais pas si son état s'améliore ou pas, parce que honnêtement je n'y connait rien aux anges moi. Bon eh bien puisqu'il faut que j'attende, autant occuper intelligemment mon temps. Première chose : trouver des fringues. Je fais rapidement le tour de l'étage, avant de finalement trouver des blouses qui traîne dans le coin. Parfait, j'en prends deux. Et là. Ô joie. Le vestiaire. Je farfouille, ok une chemise, un jean… Tiens, un jogging et même un débardeur. Mais c'est Noël avant l'heure dis donc. Je laisse les blouses en échange. J'enfile rapidement la chemise et le jean avant de retourner voir Elsa. Elle ne bouge toujours pas. Je dépose les affaires sur le bureau avant de m'assoir dans un coin de la pièce, attendant avec fébrilité qu'elle reprenne conscience. Doucement je sens la fatigue me tomber dessus, je glisse doucement dans un sommeil profond.

Je crois que je nage en plein rêve. Tout est sous la neige. J'ai froid. J'entends au loin un loup hurler. Puis au milieu des flocons, des tâches de sang. Je regarde mes mains. Rouges. Des bruits de pas dans la neige. Une femme. Je sens un souffle dans mon cou. Le loup. Il lèche mes doigts. La femme s'immobilise devant moi. Ses lèvres bougent, mais je n'entends rien. Et puis d'un coup, ses mots me parviennent.

Je me réveille brutalement, en sueur. Je sens les bras d'Elsa qui me tienne par les épaules. Je m'agrippe à elle, encore en proie à la terreur. Je tremble. Je plante mes ongles dans ses bras tant je panique. Mon coeur bat trop vite. Je sens alors quelque chose couler de mon nez. Du sang. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? J'entends Elsa me dire quelque chose. Je la regarde, le nez en sang. J'articule avec difficulté :

"Je suis désolé… Je ne voulais pas… Je suis tellement désolé… Terriblement…. C'est le loup… Je… Je ne contrôle plus rien en ce moment."

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Elle ne m'en veux pas. Vraiment ? Est-ce qu'elle est sérieuse ou pas ? Je lève les yeux vers elle, la regardant avec un air de chien battu. Après une dernière accolade amicale elle se lève et se change rapidement. Je reste les yeux dans le vague, les deux mains sur mon nez, tenant de stopper mon saignement de nez. C'est alors que je sens ses bras autour de moi et que je me retrouve collé à elle. Je suis surpris par son geste, mais j'apprécie. Je lui rends son étreinte, agrippant son débardeur, tandis que je cale mon nez dans son cou. Mon corps entier est secoué par des tremblements. J'essaye de contenir les sanglots qui montent dans ma gorge. Soudain je sens que nous ne touchons plus terre, avant que je n'ai le temps de me questionner sur le pourquoi du comment, j'entends une vitre se briser en milliers de fragments. Les éclats volent autour de nous, réfléchissant la lumière du matin. Je m'émerveille quelque peu du spectacle, tandis que je m'agrippe fermement à Elsa. Nous faisons une chute libre de bien dix mètre avant qu'elle ne se décide à ouvrir ses ailes pour planer. Mais elle veut ma mort ou quoi ? Je ne laisse rien échapper, mais je n'en mène pas large. Je suis pas très à l'aise quand il s'agit de quitter la terre ferme. Nous finissons par atterrir, je m'extrait de son étreinte, ravi de poser de retrouver ma chère terre mère. Je fais quelques pas en sa compagnie, avant de lui jeter un regard plein de reproches. Elle aurait pu me prévenir tout de même, elle ose alors me tirer la langue avant de me désigner la sortie. Se mêler à la foule ? Pas con, surtout que je n'ai pas envie de me faire attraper. Oh non. Ce serait assez mauvais pour moi, en tant que Shérif, que de me faire attraper à foutre le bordel dans un hôpital. Je pense que je pourrais dire adieu à mon job. Je hoche la tête avant de la suivre. Nous nous mêlons sans problèmes aux passants, qui d'ailleurs ne nous remarquent pas, ils sont trop occupés à fixer l'établissement, attendant que quelque chose se passe. Tant mieux pour nous. J'ai beau avoir du sang plein le visage, personne ne semble en prendre compte. Je fends la foule sans problème, suivant Elsa qui marche devant moi. Je la suis, quelque peu perdu. Je veux juste partir, fuir cet endroit pour aller me réfugier chez moi. J'ai besoin d'être seul. Le bruit est insoutenable et je ne supporte plus toutes ses odeurs qui m'assaillent, je veux juste… Rentrer. Ma tête me fait un mal de chien, et je sens que le sang ne désire pas cesser de couler de mon nez. Génial. Je sens mon coeur battre dans mes oreilles. Ok ça s'annonce mal. Un voile noir recouvre lentement ma vision. Merde. J'appelle alors Elsa par son prénom, avant de m'écrouler. Avant de perdre conscience je crois la voir se tourner vers moi, mais je n'en suis pas sûr.

Je suis de nouveau dans la neige. Le monde entier semble couvert de sang. J'ai froid. Le loup est couché contre moi, sa tête reposant sur mes genoux. Lui aussi est couvert de sang. Une silhouette approche de moi. Le loup se réveil. La femme avance vers moi. J'ai envie de vomir. Il me regarde avant de se retourner vers l'inconnue. Elle tends alors ses deux mains vers moi. Je les attrapes. Du sang se met alors à couler le long de ses poignets et de sa gorge. Elle me vomit une gerbe de sang au visage. De nouveau elle me dit quelque chose mais je refuse de l'entendre. Elle ne veut plus me lâcher. Le loup lui saute alors à la gorge, tandis que je me recroqueville dans la neige.

Je reprends brutalement conscience, le souffle court, les doigts cramponnés autour de mes draps. Je sens alors les coups de langues de Wilson sur mon bras. Il tente de me rassurer. Je le regarde encore sous le choc. D'une main encore tremblante je lui caresse le haut de la tête, lui murmurant doucement "Bon garçon". Comment suis-je arrivé là ? J'entends alors du bruit dans la pièce voisine à ma chambre. Elsa. Wilson laisse alors échapper un aboiement joyeux.


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À peine met-elle les pieds dans ma chambre que je me met immédiatement sur mes gardes. Non pas que j'ai peur qu'elle me blesse mais… Je me rends bien compte de mon état de faiblesse et le loup ne supporte se savoir aussi vulnérable face à une proie qui a su prouver qu'elle n'était pas si facile que ça à tuer. Je la regarde donc s'assoir en face de moi, sans rien dire, me contentant de caresser d'un air absent la fourrure de Wilson. Elle donne une légère tape sur ses genoux, invitant mon vieux labrador à venir se faire caresser. Je le laisse partir, n'osant plus la regarder. Sa voix me tire hors de mes rêveries, j'ose alors poser un regard sur l'ange. Je pourrais m'excuser pendant des heures, mais ça ne servirait à rien. Ce qui est fait est fait. J'ai essayé de la tuer par deux fois alors ce n'est pas en lui faisant les yeux doux qu'on va effacer ça. Je la fixe, déglutissant avec difficulté, d'une voix basse, qui sonne terriblement honteuse à mes oreilles :

"Oui… Il est presque plus sociable que moi."

Quel idiot… J'aurais pu répondre n'importe quoi d'autre. Mais non fallait que je me sente obligé de l'ouvrir pour dire quelque chose de ce genre. Finalement ça ne m'étonne presque pas d'être aussi seul, quand on est aussi sympathique… Je pousse un soupire, esquivant une fois de plus son regard. J'aimerais être seul, mais je n'ai pas pour autant envie qu'elle parte. J'ai besoin de quelqu'un à mes côtés, ce soir je ne veux pas être seul, c'est triste à dire mais j'ai désespérément besoin de compagnie ce soir. Je ne demande pas grande chose, juste une présence. Je sais que je ne peux pas lui demander ça, pas après ce qui c'est passé entre nous, mais pourtant ça me brûle les lèvres de lui demander. Une fois de plus une question d'Elsa me tire brutalement hors de mes pensées. Aerie. Mes rêves. Tout les muscles de mon corps se tendent, tandis que des frissons d'angoisses me saisissent. La sauver ? De quoi ? Je ne sais même pas si elle est encore en vie… C'est bien beau de me dire ce que je dois faire, mais pour sauver une personne, le mieux c'est quand même de savoir où cette dernière se trouve, sinon la démarche reste belle mais stérile. Je la regarde, serrant les dents et hochant lentement la tête au fur et à mesure de ses explications. Crois moi je donnerais tout pour retrouver Aerie, absolument tout, mais que veux-tu que je fasse ? J'ai beau la chercher partout, je ne la trouve pas. Et le pire c'est que personne ne semble se rappeler son existence à part moi. Comme si elle n'était qu'un fugace souvenir dont je suis le seul à me souvenir, comme un rêve collectif hypnotique dont je suis le seul gardien. Je me recroqueville presque sur moi même, portant mon regard sur Wilson, qui dort désormais sur les genoux d'Elsa. Je laisse un silence s'installer entre nous avant de me décider à briser le silence.

"Je sais que ça va peut-être te paraître un peu brusque de ma part, mais je n'ai pas envie d'en parler. Je marque une pause, le temps de reprendre mon souffle. Je pourrais comprendre que tu es envie de partir, mais si tu veux tu peux rester ici… Histoire de te reposer, enfin si tu cherche un endroit pour passer la nuit… Enfin c'est comme tu veux, c'est toi qui vois."

Après tout je pourrais comprendre, qui aurait envie de passer la nuit dans l'appartement du type qui a essayé de vous tuer deux fois ? Personne. À ma grande surprise elle accepte. Je lui adresse un timide sourire, la remerciant doucement, n'osant pas lui montrer à quel point je suis heureux qu'elle reste avec moi. Le fait de la savoir ici me réchauffe le coeur. Au moins ce soir, je ne serais pas seul.


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